P . Louis LéNA,
1874-1960


Né au Faouët, le 19 mars 1874, de Laurent Léna et de Barbe Le Gall, bouchers de profession, Louis Léna fut envoyé par ses parents au collège de Langonnet, pour y faire ses études, en vue de le voir devenir prêtre séculier. Quand il leur manifesta son désir de vie religieuse et missionnaire, il obtint leur assentiment... trois ans après , et entra dans la congrégation, le 5 août 1888.

A la suppression du petit scolasticat de Langonnet, Louis Léna fut envoyé au collège de Castelnaudary, où il dut quitter la soutane pour poursuivre ses études dans ce nouveau milieu. Cela lui fut très pénible, il eut la tentation de retourner à pied chez ses parents. Il resta cependant, et obtint le baccalauréat Lettres-Mathématiques en 1892, à la Faculté de Toulouse. Ses supérieurs lui demandèrent alors de venir à Paris pour préparer la licence-ès-sciences. Mais au bout d'un an, la tête fatiguée, il fut placé au collège de Mesnières. L'année suivante, il accomplit son année de service militaire. Lors de son noviciat, il réussit à rétablir le calme dans son esprit, et fit profession à Chevilly entre les mains de Mgr Le Roy, le 2 janvier 1898. Prêtre le 28 octobre 1900, il fit sa consécration à l'apostolat en juillet 1901, à Chevilly, avec 27 autres jeunes prêtres.

La première obédience du P. Léna fut "quelques années à Cellule comme professeur de mathématiques" ; mais dès la fin de la seconde année, Mgr Le Roy lui donna satisfaction en l'affectant aux missions de la Nigeria méridionale. Parti de Bordeaux le 15 novembre 1903, il fut reçu par le Père Léon Lejeune, Préfet apostolique depuis 3 ans.

Calabar, avant Lagos, était alors la capitale du sud du Nigeria. Le P. Léna fut nommé directeur de cette mission en mars 1904, en remplacement du P. Mac Dermott, rentré en Europe pour chercher des ressources pour cette nouvelle œuvre. Le Père Léna resta dans cette fonction jusqu'en 1914.

A son arrivée, il n'avait trouvé que de modestes constructions une église de 26 mètres sur 11, un hangar, une cuisine, et la moitié de la maison d'habitation. Mais on terminait aussi le couvent des Sœurs destinées à l'hôpital des Noirs et à l'école des filles. Peu de temps après, le Gouverneur de la Province lui demandait d'inaugurer une école primaire supérieure pour la préparation d'instituteurs, avec 150 fils de chefs. Quand le Gouverneur institua un concours de composition anglaise dans toutes les écoles de la Province de Calabar, c'est un élève du P. Léna qui remporta le premier prix ; cette composition fut envoyée et imprimée en Angleterre. Le P. Léna s'initia aussi à la langue Efik, langue du commerce dans toute la région. Il composa en ce dialecte un petit catéchisme de 72 pages en 1908, et une nouvelle édition illustrée en 1912. Dans le climat de liberté de la colonisation anglaise, et le dynamisme des populations locales, les missions étaient des centres d'intense rayonnement. Le P. Léna laissa à Calabar un grand souvenir ; ses confrères le regrettèrent disant que, de son temps, c'était le règne de la piété et de la gaîté dans un travail constant.

Le 16 juin 1914, le Supérieur général de la Congrégation appela le Père Léna comme conseiller à Paris, et le nomma Visiteur des missions de Sierra-Leone, de Guinée française et de Sénégambie : c'est-à-dire des missions spiritaines placées sur la route de son retour.

Son titre de conseiller général ne l'empêcha pas d'être rappelé en France par la mobilisation générale, en août 1914. Il eut à se présenter à la l le section d'infirmiers militaires à Nantes. Et c'est dans ce service qu'il accomplit les quatre années de guerre, d'abord à l'hôpital n' 20 de Quimper durant trois ans, puis dans les hôpitaux de Pontivy et de Tours.

Démobilisé au début de l'année, il fut nommé, en septembre 1919, premier Assistant général de Mgr Le Roy jusqu'en 1926, puis, de 1926 à 1938, sous le générale de Mgr Le Hunsec.

Dans cette fonction, il eut à connaître de tous les problèmes de la Congrégation, étant successivement correspondant de toutes les Provinces de la congrégation et de tous les Districts de ses missions. Au nom du Supérieur général, il effectua plusieurs visites à l'extérieur : en 1921, il réside quinze jours en Allemagne et en Pologne ; en 1930 il visite la Martinique et y prêche le carême, passe quelques jours en Guadeloupe, et se rend aux Etats-Unis pour la visite des nombreuses maisons spiritaines ; en juin, il était à la clôture de l'année scolaire de l'Université Duquesne, à Pittsburgh, quand il eut la surprise de s'entendre proclamé Docteur honoris causa, portant en pleine séance la robe et le bonnet de son grade. Il termina cette visite d'Amérique au Canada, par le collège St-Alexandre de la Gâtineau.

En juillet 1938, le Chapitre général reconduisit Mgr Le Hunsec comme Supérieur général, mais renouvela ses deux assistants : le Père Léna laissa sa place de premier Assistant au Père Janin. Il resta à Paris comme aumônier de l'hôpital Pasteur jusqu'en 1952, date àlaquelle il dut lui-même y résider comme malade.

Ce fut alors l'heure de la retraite : à Langonnet de 1953 à 1955, 'à Meudon en 1956, et à Chevilly en octobre 1957.

Le Bulletin général annonça son décès : " Le Révérend Père Louis Léna, ancien Assistant général de 1919 à 1938, est décédé à Chevilly, le 12 décembre 1960, et ses funérailles le 14 ont été présidées par le T.R.P. Griffin, Supérieur général, qui chanta la messe de Requiem. " Le Père Louis Léna avait 86 ans.

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