Le Père Théodore Leray

Il était l'aîné d'une famille de 15 enfants. Ses parents n'ayant pas de fortune, il quitta, très jeune encore, la maison paternelle pour contribuer par ses gages, comme on disait alors, à l'éducation de ses jeunes frères et sœurs. A 27 ans, il prit ses premières leçons de latin chez le curé d'Isigny-le-Buat. A 29 ans, il fit sa seconde et sa rhétorique à Merville, dans le Nord. A 31 ans, il entra au noviciat de Grignon près d'Orly. Enfin à 37 ans, il était prêtre-missionnaire et partait tout heureux pour la Guinée française.

Affecté à Brouadou, dans la forêt kissienne, il ne supporta pas le climat et fut envoyé à Boké près de la Guinée portugaise. Il en devint bientôt supérieur et s'y donna tout entier jusqu'en mai 1914. Il n'en partit, pour un congé, qu'avec la résolution de recueillir des fonds pour construire l'église.

Surpris par la guerre, il fut mobilisé comme infirmier dans les hôpitaux de Paris, où il travailla, écrit-on de lui, "avec un dévouement absolu, une intelligence avisée, un soin méticuleux et une noblesse de ca- ractère, qui lui ont valu l'estime et l'affection de tous."

En repartant, le Père Leray exprimait à l'un de ses frères comme un pressentiment de sa mort prochaine : "Je sais ce qui m'attend, ce ne sera plus comme la première fois. Je suis heureux quand même de souffrir pour le salut des pauvres âmes ; notre vie bien comprise en Afrique est la plus belle et aussi la plus consolante, car le ciel est au bout."

Il y alla plus vite que prévu, le 12 janvier 1920, avec beaucoup d'autres confrères, lors du naufrage du paquebot Afrique, au large de l'île de Ré. Il avait 47 ans, étant né le 22 septembre 1872 à Saint-Martin-de-Landelles.

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