Le Père Joseph LE ROHELLEC,
1883-1930


Le P. Le Rohellec naquit à Baden le 10 juillet 1883. Après d'excellentes études au petit séminaire de Sainte-Anne, il entra au noviciat des Pères du Saint-Esprit. Dès l'année 1904, il fut envoyé au Séminaire français de Rome pour y poursuivre ses études théologiques. Il y resta jusqu'au mois de mai 1929, quelques mois avant sa mort. Pendant plus de 20 années, il sera "Répétiteur" de Philosophie.

On venait le consulter sur les questions les plus diverses : sur les problèmes de la philosophie, comme sur les matières de la théologie, de pastorale, de morale et de droit fondamental. Et toujours on obtenait réponse. Sa lucidité dissipait toutes les ombres, et sa patience n'était lassée par aucune lenteur. Il reprenait, retournait sous toutes leurs faces des exposés déjà présentés, ne s'arrêtant qu'au moment où se faisait la pleine lumière dans l'esprit de son interlocuteur. Et alors, un large sourire de satisfaction venait éclairer son visage.

De nombreux articles publiés dans diverses revues de la philosophie nous donnent un aperçu de l'activité intellectuelle du P. Le Rohellec. C'est ainsi, par exemple, qu'il nous livre le résultat de longues années de lecture et de travail consacrées à l'Éthique, dans une étude sur "les fondements métaphysiques de la morale", parue en 1914 dans la Revue de Philosophie. La psychologie affective lui est redevable d'une relation sur les Passions, dans la Revue de ,Philosophie en 1913, et, dans le domaine de la Critique, il publia dans la Revue Thomiste en 1914 de très intéressantes "remarques sur le Problème de la connaissance"

Ajoutons, à ces travaux de Philosophie, deux brochures très pieuses et pleines de doctrine sur la Sainte Vierge : Marie et le Sacerdoce. ; Marie, dispensatrice des grâces divines.

Mais comme écrivain, le P. Le Rohelec n'a pu donner sa mesure. Il est mort à un moment où l'on pouvait attendre beaucoup de lui. Depuis longtemps, il travaillait à la publication de deux ouvrages importants, l'un sur le Rôle de l'intuition dans la connaissance, et l'autre sur le Fondement de l'analogie, dont il avait donné une ébauche dans un article de la revue Divus Thomas, en 1926. En Histoire, il avait entrepris de longues recherches sur l'un des premiers thomistes, son compatriote, le dominicain Hervé de Nédélec mort en 1323, dont il se proposait de publier un ouvrage inédit, pour une thèse de doctorat en Sorbonne. Il était déjà licencié-ès-lettres.

Il était encore confesseur de cinq communautés de religieuses françaises à Rome ; et chaque année, pendant les vacances, il acceptait de prêcher des retraites dans les communautés ou des séminaires de France. Consulteur de la S. Congrégation de la Propagande, chargé de cours de Philosophie au Séminaire du Latran, il dut assumer plus tard la charge de Postulateur de plusieurs Causes de Béatification, et s'en occupa très activement.

Par ses qualités exceptionnelles, d'intelligence et de cœur, par ses travaux, par la considération dont on l'entourait, le P. Le Rohellec a été l'un, des meilleurs artisans de la bonne renommée du Séminaire français Intelligence vigoureuse et profonde, caractère loyal et franc, sans aucune feinte, grande âme assoiffée de vérité, pour qui la vérité revêt un caractère sacré, âme délicate, fidèle dans l'amitié, charitable et dévouée sans calcul, modeste jusqu'à l'oubli de soi. Tous ceux qui l'ont connu garderont le souvenir inaltérable de cette belle figure de prêtre.

Dieu lui demanda le sacrifice suprême. Aux environs de Pâques 1929, en pleine vigueur intellectuelle et physique, le P. Le Rohellec était terrassé dans les rues de Rome par une congestion cérébrale. Malgré tous les soins, on dut le conduire à la clinique des Sœurs de Saint-Jean, à Limoux. Il y mourut le 5 août 1930, âgé seulement de 47 ans. Son corps repose au cimetière de la communauté de Chevilly.

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