Le Père Charles LEROUX,
1856-1915


Charles Leroux est né, le ler mars 1856, près de Morlaix, à Taulé, où son père était notaire. A la mort de son père, sa mère est venue à Landerneau, où l'une de ses soeurs était établie, ses trois autres soeurs étant religieuses. Ordonné prêtre du diocèse, le 10 août 1880, il fut affecté au collège de Lesneven comme professeur, puis comme sous principal du collège. L'évêque de Quimper, reconnaissant sa grande intelligence, le recommanda à la congrégation pour bénéficier de la vie et de la règle religieuse. Il fit son noviciat à Chevilly et fut admis à la profession le 29 août 1886.

Son premier poste fut le collège universitaire de Blackrock en Irlande; il y enseigna le français durant dix ans. Revenu en France, il enseigna l'anglais aux collèges de Merville et de Beauvais. Ces établissements ayant été fermés en 1904 par la loi du ministre Combes, le Père Leroux fut placé aux Etats-Unis au collège-universitaire de Pittsburgh, aux écoles et au couvent de Rock Castle, puis en 1911 au ministère pastoral dans la ville de Philadelphie.

Partout on ne pouvait que se louer du bon travail du Père Leroux ; mais ses petits écarts dans la vie régulière de la communauté lui rendirent difficile l'admission aux voeux perpétuels. C'est à Rock Castle, en 1910, qu'il l'obtint, à la suite de la lettre suivante adressée à Mgr Le Roy : " Vous savez, Monseigneur, pourquoi j'ai craint de demander les voeux perpétuels... Je trouve pénible de mentionner ici la difficulté que l'on pourra faire à mon admission. C'est un peu vieux, mais la réputation continue de souffrir même dans la vieillesse des reproches encourus dans le jeunesse. Personne n'ignore la faute d'Adam; mais combien de personnes se rappellent ses neuf siècles et demi de regrets et de pénitence ! Le cas peut-être n'est pas le même, pourtant j'ai souffert, j'ai éprouvé d'amers regrets et j'essaye de me corriger. Junior fui e tenim senui. Je ne suis plus jeune, et cette pensée, Monseigneur, contribuera peut-être à vous décider à m'accorder la demande que je vous adresse aujourd'hui. C'est probablement la dernière fois que j'aurai l'occasion de demander de renouveler mes voeux. Dans ce cas, pourquoi pas les voeux perpétuels ? Quel bonheur pour moi si la vingt cinquième année de vie de communauté pouvait se couronner par une affiliation irrévocable à notre chère congrégation. Je vous en prie, Monseigneur, jetez un voile miséricordieux sur les "vignes" d'antan, et aidez-moi à me conformer aux prescriptions de cette bienheureuse constitution qui proteste contre les vœux temporaires à la veille des noces d'argent de profession.

Daignez agréer, Monseigneur et très Révérend Père, l'assurance de mon profond respect et de mon dévouement filial." Le sympathique Père Charles Leroux est décédé d'une maladie de coeur, le ler mai 1915, à l'âge de 59 ans, en la ville de Philadelphie, et comme il convient "profès des voeux-perpétuels."

Page précédente