Le Frère Guénolé LE ROUX,
1900-1959


Frère Guénolé, (Raphaël de son nom de baptême) est né le 4 décembre 1900 à Treffiagat, deux ans après son frère Pierre.

Voici comment il se présente, dans sa demande d'admission au noviciat en 1923 : " Mon Révérend Père, Le Père supérieur d'Allex m'a dit que je pourrais entrer au noviciat à la fin de l'année scolaire, aussi je m'adresse tout d'abord à vous, et je viens vous demander de vouloir bien m'admettre au nombre des novices pour 1923-1924. Depuis longtemps déjà, depuis l'âge de dix ans, lorsqu'en 1911 je vins tout petit à l'école apostolique des Petits Clercs de St-Joseph à Suse, je désirais me faire missionnaire pour lAfrique, et ce désir s'est accru avec les ans, aussi à présent que 'me voilà homme, j'attends avec une sorte d'impatience pour ainsi dire, l'heureux jour où il me sera donné d'entrer comme novice, puis définitivement comme profès dans votre congrégation, la Congrégation des Pères du Saint Esprit et du St-Cceur de Marie, de devenir en un mot le fils du Vénérable Père Libermann, pour me dévouer au salut des âmes abandonnées. C'est vers elles que tendent tous mes désirs, et puis partir là-bas vers l'Afrique mystérieuse (surtout vers l'Oubangui-Chari, où est mort le Père Epinette) est mon rêve, sauver des âmes est mon but. Comme je veux donc me donner tout entier au bon Dieu et travailler a son service, c'est dans votre Congrégation, mon Révérend Père, que je trouve l'idéal du missionnaire ; d'ailleurs les bons Pères qui ont formé mon enfance m'offrent ce vrai portrait de l'apôtre ; aussi je veux, après avoir été leur élève, devenir leur confrère dans l'apostolat, et suivre les traces de mon frère Pierre, un de vos scolastiques.

" Si c'est sans hésitation, ce n'est pas sans une certaine émotion que je vous fait cette demande, car on dit tant de choses, et des choses si drôles sur le noviciat, que bête que je suis, je crois encore facilement à cela, comme un enfant, pourtant l'abnégation me connaît, là-bas en Syrie, pendant mon service militaire, les marches forcées sous un soleil de feu, les veilles, les alertes, les insomnies sur la terre dure, ou sur une misérable natte dans un tourbillon de moustiques, ne me faisaient pas peur, et je prenais la vie par le bon côté.

" Je suis un peu vieux peut-être pour entrer au noviciat, dire que bientôt j'aurai 23 ans, j'hésite presque à le croire, mais comme cela arrive à tout le monde je n'ai pas lieu de m'en faire, au contraire je peux même me réjouir car je vais vers le bonheur. D'ailleurs le corps seul vieillit, mais pour l'esprit et le coeur je pense rester toujours jeune en demeurant fidèle à ma sainte vocation.

" En attendant l'heureux jour où il me sera permis d'entrer au noviciat, je fortifie ma santé, car il paraît que le noviciat est dur pour certains tempéraments, et puis je continue ma vie d'avant la caserne, mais je travaille avec plus d'entrain et partant avec plus de joie.
" Daignez agréer, mon Révérend Père, l'hommage de mon profond respect. Raphaël Le Roux, petit clerc de St-Joseph."

Avec un tel tempérament, il ne pouvait faire que du bon travail en Afrique. Il le montra dans son séjour au Cameroun de 1925 à 1947.

Voici ses différents postes, tels qu'il les a lui-même relevés :
1 - Mission de Douala de mai 1925 à octobre 1928, chargé des écoles.
2 - Mission de Marienberg d'octobre 1928 à octobre 1930, chargé des écoles, des plantations et des travaux.
3 - Mission de Kribi, d'octobre 1930 à juin 1933, chargé des écoles, des oeuvres, des travaux.
4 - Mission de Marienberg, septembre 1934 à septembre 1936, écoles, plantation.
5 - Mission de Nden.
6 - Mission d'Eséka.
7 - Mission de Bengbis, écoles, plantations, oeuvres, travaux.
8 - En congé à Langonnet, peintre et jardinier.

Il fut ensuite appelé à Paris pour le service général des missions, sous la direction du R.P. Letourneur. Ce fut son dernier poste.

Le 28 juillet 1959, il est pieusement décédé à l'hôpital Cochin, des suites d'une artérite compliquée de gangrène. La grand-messe de Requiem fut chantée à Chevilly par le R.P. Letourneur, économe général, et l'absoute donnée par Mgr Jean Baptiste Coudray, préfet apostolique de Kankan, son ancien supérieur au Cameroun.

Six membres de sa famille étaient venus pour ses obsèques : son frère, ses deux soeurs, deux belles-sceurs et un neveu. lis ont remercié la communauté pour le bon accueil qui leur a été réservé.

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