Le Père Auguste Leroyer
décédé à Sette-Cama, le 17 septembre 1915,
à l’âge de 32 ans.


Auguste Leroyer naquit à Torchamp, dans l’Orne, le 27 septembre 1883 et fit ses études au Collège Sainte-Marie de Tinchebray. Il fit profession à Orly, le 30 septembre 1903. Il fit ensuite son service militaire. Au scolasticat de Chevilly, il fut ce qu’il avait été au collège, au noviciat et à la caserne : sa bonté, sa simplicité naturelle lui évitaient toute difficulté, sa gaieté lui attirait des sympathies.

Le 7 janvier 1909, il se voyait contraint de retourner à la caserne pour y passer une seconde année. À son retour à Chevilly, l’examen de théologie fut insuffisant et l’abbé Leroyer ne fut pas admis aux ordres mineurs. En outre, Braga ayant demandé des surveillants, il fut désigné. Au Portugal, pour dépister l’ennui, il se donna tout entier à la musique : sans autre maître que son goût d’artiste, il développa rapidement son talent.

Il sut profiter de l’épreuve pour affermir sa volonté. Les notes de scolasticat le font remarquer : aussi fut-il promu successivement aux ordres mineurs, au sous-diaconat, au diaconat et à la prêtrise, à l’unanimité des voix. Sa gaieté en devint exubérante mais un nouvel orage vint noircir son ciel : la consécration apostolique lui fut refusée : la musique n’est pas toujours facteur d’harmonie.

Le 25 septembre 1911 il s’embarqua pour le Loango, en tant que “scolastique-profès ” (il sera admis à la consécration à l’apostolat à Loango, le 19 septembre 1913). Chargé de l’œuvre des enfants, il se dépensa sans mesure pour assurer à ses écoliers la nourriture du corps et celle de l’esprit. Si l’on veut connaître ce que fut le P. Leroyer en Afrique il faut s’en rapporter au jugement de Mgr Dérouet : « Le P. Leroyer ne semble pas avoir beaucoup de moyens mais il a de la bonne volonté et de la piété ; il peut devenir un bon missionnaire. »

Mais il s’accommodait mal du soleil de l’Équateur. Lui, dont le visage souriait toujours, dut entreprendre une lutte continuelle contre la bile et la fièvre. En février 1914, à la suite d’une seconde fièvre bilieuse hématurique, on ne songeait plus qu’à le rapatrier. Cependant,les bons soins des confrères lui rendirent les forces.et, le docteur consulté assura que l’organisme était intact. Le P. Leroyer renonçant alors au repos sur le sol natal s’embarqua pour Sette-Cama. Dans l’ilot de Ngali, le cher père retrouva la vigueur et la joie. Avec quelle ardeur il voguait sur sa coquette pirogue vers les malades et les moribonds. De retour à la mission, il courait au jardin dont il avait le soin sans pouvoir jamais oublier pourtant la classe de chant qu’il faisait aussi longue que possible.

En février 1915, le cher père fut frappé d’un troisième accès bilieux hématurique dont il triompha encore mais il était trop anémié et ne sut d’ailleurs ménager le peu de forces qui lui restait ; en septembre, il fut de nouveau terrassé : « Oh ! maintenant, j’y suis habitué » disait-il gaiement.

Après quelques jours, en effet, l’hématurie avait disparu et la fièvre semblait domptée mais les forces ne revinrent pas : un matin, on le trouva mort dans son lit.

Page précédente