Le Père Armand LE SERRE,
1862-1892


Le P. Le Serre ne vécut que trente ans. Mais la recherche de sa vocation fut longue, les douleurs nombreuses, et sa passion continue. Armand Serre né à Moustoir-Ac, le 22 décembre 1862, fut ordonné prêtre le 31 octobre 1886, et devint spiritain le ler novembre 1887.

Nous trouvons l'histoire de sa vie dans les lettres qu'il adressa au supérieur général de l'époque le Père Emonet. En voici un résumé. D'une famille nombreuse et pauvre, il était aimé des enfants. Dès son bas âge, il fut élevé par de saintes et vieilles tantes, dont tout le désir était de faire de lui un prêtre. La générosité d'un oncle prêtre lui permit d'entrer au petit séminaire de Ste-Anne d'Auray. Il hésitait alors entre la vie missionnaire et le clergé séculier. Une neuvaine de prières à la Ste-Vierge, conseillée par le supérieur du séminaire, lui fit choisir de prendre la soutane à Vannes. Il y vécut heureux jusqu'au diaconat.

C'est alors que survint le premier à-coup. N'ayant pas l'âge pour recevoir la prêtrise, il fut envoyé comme surveillant à Redon. Il échoua au bout de trois mois. Timide, impressionnable, sans initiative, la vie active lui parut impossible. Il tenta quelques jours la vie du cloître chez les cisterciens. Il sentit très vite qu'il n'était pas de taille. Il songea alors à la congrégation du Saint-Esprit, qui lui donnait à la fois la vie missionnaire et la famille religieuse. IL y fut accepté, bien qu'il eut difficulté à harmoniser dans sa vie le désir de la perfection et la vie commune, n'arrivant pas à maîtriser l'outrance dans le zèle et l'âpreté de l'esprit de contradiction.

De santé délicate, il fut destiné au Sénégal dont le climat avait bonne réputation, et à son évêque, Mgr Picarda, qui était un compatriote, le doyenné du Faouët n'étant pas loin de celui de Locminé. Il supporta bien le bateau de Bordeaux à Lisbonne. Mais c'est là que survint le drame. Une "exaltation mentale" nécessita son hospitalisation. Il quitta de lui-même l'hôpital, fut arrêté par la police, enfermé dans un hôpital psychiatrique... Une comtesse charitable alerta le Nonce apostolique qui intervint près du consul de France à Lisbonne
Bientôt le P. Le Serre put rejoindre la communauté de Bordeaux.

C'est à Langonnet qu'il prit sa retraite, légèrement active, contrariée par la maladie épidémique de la tuberculose. Son père, sa mère et sa belle-sœur purent venir le voir quelques jours avant sa mort, qui survint le 29 décembre 1892. Le P. Le Serre était bien préparé à ce moment redoutable. Il était parfaitement résigné à la volonté de Dieu, ne se plaignait nullement de ses souffrances, ne demandait rien et ne refusait rien. Tout cela sans doute a été un effet de sa grande piété, et de son obéissance parfaite à la volonté de Dieu et de ses supérieurs. Qu'il repose en paix et intercède pour nous.

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