Lors de sa visite du secteur en 1975,
Joseph Gross, alors supérieur principal du Congo, constate le grand isolement de
Corentin face à l’immensité du secteur fluvial, à plus de 400 km de la mission
voisine de Mossaka. C’est à partir de ce constat que l’idée vient à Joseph de
mettre sur pied une équipe itinérante : « l’équipe du fleuve », qui va naviguer
sur l’Oubangui et sur le Congo sur de très longs trajets en canot, en pirogue à
moteur, parfois sur des barges qui remontent de Brazzaville à Bangui. Corentin
se trouve embarqué dans cette équipe avec Joseph Wollenschneider et Paul Le
Berrigaud. Je les rejoins en 1977. Nous inspirant de la méthode catéchétique
orale venue du Tchad, nous prenons, chaque année à la même période, les mêmes
passages d’Évangile ; cela aide les gens à mémoriser les textes et à les
intérioriser. Au cours de sessions de huit jours, nous visons à former des
équipes de laïcs qui reçoivent la mission d’animer leur communauté le long des
600 km de l’Oubangui. Plus tard, le nouvel évêque du diocèse trouvant préférable
de mettre un prêtre dans chaque communauté, ce sera la fin de cette
expérience.
En 1982, Corentin vient me retrouver à Lékana où, pendant dix
ans, nous desservons des communautés sur le plateau Koukouya et au-delà, selon
la même méthode d’évangélisation que sur le fleuve. En 1992, il va rejoindre
Jean Gardin et Marcel Pelhate à Impfondo. La plus grande partie de son temps, il
le consacre alors à la pastorale auprès des anciens et des pauvres qu’il visite
dans les quartiers.
En 2004, Corentin vient à Langonnet. Il y rend de
multiples services : entretien des pelouses et des arbres fruitiers, liturgie
communautaire… Le jour des Rameaux 2007, il est victime d’un sérieux avc. Longue
et pénible, la rééducation reste incomplète. Il continue malgré tout à rester
actif de nombreuses années, renonçant toutefois à l’animation liturgique,
jusqu’à ce deuxième avc quelques jours avant son décès. Toute la vie de Corentin
s’est déroulée dans une grande discrétion, surtout vers la fin où il souffrait
d’une certaine solitude, en raison de sa difficulté à communiquer… L’essentiel a
été l’amour qu’il a su montrer à tous ceux que la vie lui a fait
rencontrer.
Victor BLANCHET