Le Père Antoine Levadoux
décédé à Charnat, le 24 février 1898, à l’âge de 41 ans.


Antoine Levadoux naquit à Charnat (Puy-de-Dôme), le 24 mai 1857. Ses parents, riches de biens de la terre, mais plus encore de foi et d’honneur, lui donnèrent de bonne heure le goût de la piété et la droiture.

Ce fut au petit séminaire de Cellule que le jeune Antoine alla accomplir le cours de ses humanités ; c’est là qu’il trouva la grâce de la vocation apostolique et religieuse.

Malgré les pressantes réclamations de ses proches, il partit pour le grand scolasticat, alors établi à Notre-Dame de Langonnet (20 septembre 1876). À la fin de 1879, il vint achever sa théologie et faire son noviciat à Chevilly, où il reçut la prêtrise en 1880 et fit, un peu plus tard, sa profession (28 août 1881) et reçut son obédience pour la mission du Congo.

Le premier poste qui fut confié au jeune missionnaire, ce fut Saint-Antoine de Sogno, sur la rive gauche de l’estuaire du Congo. Cette station, qu’on dut plus tard abandonner, était à son début et présentait de grandes difficultés. On avait à traiter avec les féroces Mossorongos qui faisaient métier de vivre de rapine et de pillage.

De Saint-Antoine, le P. Levadoux vint à Landana où il ne fit que passer, puis il fut placé à Loango où s’écoula la plus grande partie de sa vie apostolique. Mgr Carrie lui confia d’abord la direction de l’œuvre des enfants. Dans cette fonction, réputée assez ingrate et en conséquence peu ambitionnée, le cher père sut se faire aimer et, ce qui vaut mieux, il opéra un grand bien. De nombreux chrétiens, aujourd’hui pères de famille, se rappellent avec plaisir le nom et les vertus de leur ancien directeur.

Le moment est venu de fonder Mayumba. Mgr Carrie a jeté les yeux sur le P. Ignace Stoffel pour être le supérieur de cette nouvelle station et le P. Levadoux l’accompagne. À Mayumba, point de maison, il faut en faire une. Le matin, après un maigre déjeuner, le P. Levadoux s’en va dans la forêt, avec le F. Vivien et une poignée d’enfants, abattre les palétuviers. L’arbre tombé, il reste à le sortir du bois, puis à le mettre sur la pirogue et, enfin, à le monter sur la colline où doit s’élever la maison ; et tout ce travail de bras et d’épaules, connu du missionnaire bâtisseur, le père le fournira pendant près de deux ans, n’ayant le plus souvent à son dîner que quelques sardines.

On conçoit après cela qu’il put se trouver fatigué. Un séjour en France fut donc jugé nécessaire et l’Auvergne lui rendit promptement ses forces.

De retour en Afrique, on lui confia la procure. Doué d’un grand sens pratique et d’une rare prudence, avant de se décider, il examine, étudie et consulte, puis il agit avec une fermeté qu’il sait ne pas rendre blessante. Il aimait sa fonction et s’y dévouait avec zèle ; mais une toux assez forte vint donner à son supérieur et à ses confrères les plus graves inquiétudes au sujet de son état et, pour la seconde fois, il dut rentrer en France en 1892.

Après deux ans de repos, il revient auprès de Mgr Carrie, qui le nomme supérieur de Setté-Cama, en remplacement du P. Sublet. Là, le P. Levadoux développe avec soin la culture indigène, défriche une partie considérable de l’île de Ngaley et visite les tribus indigènes des environs.

Il se promettait de finir ses jours dans cette Mission, quand il fut appelé à Loango pour administrer le vicariat pendant la maladie de Mgr Carrie, qui le nomma son vicaire général. Il s’acquitta de cette délicate fonction à la satisfaction de tous, mais fatigué du surcroît de travail qui lui incombait en qualité de supérieur et d’économe, il fut contraint de cesser toute occupation. On espéra un moment qu’un voyage dans les stations de l’intérieur lui ferait du bien. Hélas ! Il n’en fut rien ; revenu à Loango plus fatigué que jamais, il rentrait en France à la fin de l’année dernière, sans conserver l’espoir de retourner en Afrique.

Après s’être fait opérer à l’hôpital Saint-Joseph, à Paris, d’une hernie qui le gênait beaucoup, il était rentré dans sa famille, à Charnat, pour s’y reposer et s’y remettre ; mais tous les soins ont été impuissants à conjurer la maladie de poitrine qui le minait depuis longtemps, et à laquelle il a succombé le 24 février 1857 -
BG, t. 19, p. 50.

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