Le Père Louis LIAGRE,
1859-1936


Le P. Liagre naquit à Tourcoing, le 19 décembre 1859. Durant ses études secondaires au collège de Marcq-en-Barœul, puis au collège des Pères Jésuites de Lille, il se distingua par sa piété, sa conduite exemplaire, son application et ses succès. Après une première année d'étude de droit, il se sentit appelé par Dieu à la grâce de la vocation sacerdotale. Le 15 septembre 1879, il écrivait au P. Eschbach, supérieur du Séminaire français de Rome, pour solliciter son admission à Santa-Chiara. Rome sera toujours la patrie de son âme et le Séminaire français sa petite patrie. La théologie devait toujours être pour lui "vivante", et tous ses traités devenir l'aliment de sa piété. Il faut croire qu'il les posséda fort bien, puisque le 14 juillet 1886 il était choisi pour une soutenance publique du doctorat en théologie.

Quelques jours après, l'abbé Liagre, qui avait été ordonné prêtre à Saint-Jean-de-Latran, quittait le Séminaire français et demandait son admission au noviciat de la congrégation du Saint-Esprit. A sa profession religieuse, le P. Grizard, son Père Maître, obtint de le garder deux ans comme sous-maître. Il enseigna ensuite durant une année la théologie fondamentale au grand scolasticat de Chevilly, et, après quatre ans d'absence, il rejoignit Rome et Santa-Chiara.

Le P. Liagre commençait là, comme directeur, répétiteur de théologie et préfet de culte, le plus long stage de sa vie religieuse. Au service direct de la Curie romaine, il devait être nommé successivement censeur de l’Académie liturgique et consulteur de la Sacrée Congrégation des Évêques et Réguliers.

A la recherche de la perfection et de la sainteté, le P. Liagre, en 1904 se retira à la Chartreuse de Vedana, en Vénétie. Au Séminaire français il fut très regretté de tous. Pour lui, quelques mois passèrent dans cette nouvelle vie de travail, d'étude, d'oraison, d'intimité divine dont il avait rêvé. Mais sa santé le trahit : en mars 1906 il dut abandonner la cellule devenue déjà chère et aller chercher le repos dont il avait un impérieux besoin. D'accord avec Mgr Le Roy, dont il sentit alors, plus que jamais, toute la paternelle affection, il trouva le repos près de sa mère en Algérie. En octobre suivant, il fut assez remis pour reprendre ses cours à Chevilly, et les conserva jusqu'à la guerre.

Bloqué dans Tourcoing, en août 1914, le P. Liagre y demeura jusqu'en 1916. Il put alors passer en Belgique, et assurer là-bas les fonctions de professeur de philosophie, de sous-maîtrre et de confesseur des novices. Cette dernière charge lui fut encore confiée à Neufgrange (Moselle), la paix revenue. En 1920, le P. Liagre se vit confier la charge de maître des novices. Il l'exerça une année à Neufgrange et deux années à Orly.

En 1923, la maladie provoqua de nouveau un transfert. Il dut aller au scolasticat de philosophie de Mortain, dans une retraite relative. Ses novices d'hier ne furent pas les derniers à se réjouir de sa venue.

En 1927, Mgr Le Hunsec vint chercher le P. Liagre pour en faire, à Rome, son Procureur général et assurer au Séminaire français un Père spirituel. A Rome, il fut heureux d'obtenir immédiatement la faveur de l'audience du Souverain-Pontife Pie XI.

En 1932, l'âge et la maladie obligèrent le P. Liagre à se démettre de sa charge de Procureur général et à quitter Santa-Chiara. Heureux d'avoir consacré les derniers efforts de sa vie, près du grand Pontife qu'il aimait tant, au service, pour lui très doux, de l'administration générale de son Institut et de la chère œuvre du Séminaire français, il se retira au noviciat d'Orly. Il y put assurer les fonctions de confesseur des novices qu'il conserva jusqu'à sa mort, qui advint le 24 janvier 1936. Il avait 76 ans.

Dans une conférence sur "le Vénérable Père Libermann, homme de Dieu", le P. Liagre précisait : "Par l'homme de Dieu, j'entends un homme dont toute la vie, restant humaine par le dehors, est réellement divinisée par le dedans : un homme que la vie divine a tellement pénétré, que tout, dans sa vie humaine, est littéralement sous l'action de Dieu en lui." Tel fut assurément aussi le Père Liagre.

Le P. Liagre, durant toute sa vie, a rédigé d'innombrables notes et conférences sur tous les sujets de la vie spirituelle et de la théologie au sens large. Sont édités un certain nombre de livres, entre autres : Le Vénérable P. Libermann, l'homme, la doctrine. - Notre vie divine dans le Christ Jésus. -Retraite avec Sainte Thérèse de l'enfant Jésus. - Sainte Thérèse de l'enfant Jésus et le Vénérable Père Libermann.

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