Le Père Mathurin Luec,
décédé à Bordeaux, le 20 septembre 1900,
à l’âge de 38 ans.


Mathurin Luec naquit le 9 février 1862, à Hennebont (Morbihan) ; mais, quelques années après, sa famille alla s’établir à Nantes ; et c’est là qu’il fit son petit et son grand séminaire. Ordonné prêtre le 29 juin 1885, il fut employé d’abord comme professeur dans une maison d’éducation (1885-1887), puis il remplit pendant un an la charge de précepteur dans une famille honorable du pays. Enfin, désireux de se vouer au salut des pauvres Noirs d’Afrique, il demanda son admission au noviciat d’Orly. Il y arriva le 20 juillet 1888 et fit sa profession le 15 août de l’année suivante.

Envoyé au Congo français, il fut d’abord placé à Mayumba, puis, deux ans après, envoyé à Linzolo, station située à l’intérieur, non loin de Brazzaville, et dont il fut bientôt nommé supérieur.

« Je me trouve très heureux à Linzolo, écrivait-il au T. R. Père Émonet, le 18 octobre 1892, et je souhaite d’y travailler encore longtemps. Non que les épreuves m’aient manqué ; mais sans cela, serais-je missionnaire ? »

Après sept ans de séjour au Congo, la forte constitution du cher père, minée par les fièvres, s’était considérablement affaiblie. Il revint en France en 1896 et, après quelques mois de séjour au pays natal, il repartit reprendre son poste à Linzolo.

Le P. Luec avait l’excellente habitude de noter, jour par jour, les faits les plus marquants de son ministère avec ce qu’il avait observé dans les mœurs et les superstitions des Noirs, et les impressions que tout cela lui suggérait. On y trouve des choses très intéressantes.

En 1898, Mgr Augouard l’envoya aussitôt comme supérieur à la Sainte-Famille des Banziris. Malheureusement, sa santé ne lui permit pas de rester longtemps dans ce poste avancé. Sa Grandeur lui confia alors la direction de la nouvelle station de Sainte-Radegonde. Mais, de plus en plus fatigué, il dut bientôt revenir à Brazzaville pour reprendre de nouveau le chemin de la mère-patrie. Son état de fatigue était tel qu’en passant à Libreville, on jugea prudent de le débarquer à l’hôpital. Il y resta deux mois, et reprit la mer aux derniers jours de juillet. Arrivé à Bordeaux, vers la fin du mois d’août, il se trouvait si anémié qu’on eût dit un cadavre ambulant.

« Jamais, écrit le P. Veillet, on n’avait vu revenir d’Afrique un missionnaire aussi défait. Tout en lui était atteint. On lui a aussitôt prodigué tous les soins possibles ; mais, hélas ! tout a été inutile. Il a cependant lutté courageusement jusqu’au bout. Le jour de sa mort, le 20 septembre, il était encore descendu au jardin dans la soirée, sous la véranda, et avait passé plusieurs heures sur son fauteuil ; mais il était dans un état de somnolence presque continuel. L’infirmier le fait remonter vers cinq heures, et manifeste ses appréhensions de cet affaissement général. Le P. Mauger se rend alors auprès du cher malade et, lui administre l’extrême-onction. Sur les dix heures, on lui donne l’indulgence in articulo mortis ; et, à onze heures et demie, la respiration qui s’était un peu ralentie cesse tout à coup, sans aucun des symptômes ordinaires de l’agonie. » -
BG, t. 20, p. 635.

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