Le Frère Jules Maguite, 1830-1876.

Il était natif de Bourbon et s'appelait Jules Maguite. Dans son enfance il avait été esclave pendant quelque temps. Il aimait à le raconter, et à ajouter à ce propos une parole que le Saint Père lui dit à sa première visite au Vatican : " Cela ne fait rien d'avoir été esclave des hommes, pourvu qu'on ne soit pas esclave de Satan..."

Recueilli dès sa jeunesse par nos pères de Bourbon, il fut élevé à la mission et se fit remarquer par son zèle. Il avait un goût tout particulier pour la décoration des églises ; il semblait né pour être sacristain. Cette renommée avait même dépassé les limites de la maison des missionnaires. " Un jour, racontait-il lui même, j'accompagnais des gens hors de la mission ; or il se trouva que notre voiture et l'attelage étaient en contravention avec les règlements de la police. Les gendarmes nous arrêtèrent. Je me mis à crier : " Veux-tu te taire, me dirent les employés de la police ; tu peux t'en aller, petit négrillon, tu n'es bon qu'à allumer les souches."

Après sa prise d'habit, il devint un fervent novice et fit sa profession à Bourbon même. Il racontait avec complaisance qu'il fut le premier admis à la profession par le T. Révérend Père Schwindenharnmer, alors vicaire général de la congrégation : c'était par conséquent vers 1853. Le frère n'avait pas vingt ans. Quelque temps après, il fut envoyé à Paris, où il resta 5 ans, puis vint à Rome, où il a vécu 22 années complètes. Il eut avec les autres, pères et frères, à porter le poids des privations et labeurs d'une œuvre à commencer. C'est lui, en grande partie, qui par ses soins mit la chapelle et la sacristie dans une excellente condition. Il était d'une grande exactitude dans ses fonctions. Sa chapelle de prédilection, après le sanctuaire où réside Jésus, était la chapelle de la Mère admirable. L'autel en était toujours proprement entretenu et fraîchement orné. Et quand il manquai quelque chose, Iui-même l'a raconté quelques jours avant sa mort. il menait à sa chapelle chérie quelque visiteur avec un élève riche et lui disait : " La chapelle est bien belle, mais il manque des candélabres, des chandeliers, une belle lampe ..." et quelques jours après, le tout arrivait, tout frais et tout brillant. Il est mort pieusement à Rome, d'une maladie de poitrine, le 21 février 1876.

N.B. A sa profession on lui avait laissé le nom de Jules, qui était son nom de baptême, et le T. Saint Père, qui l'avait pris en affection, ne l'appelait pas autrement que : il negro, ou Frà Giuglio.

(Notice rédigée par un confrère de la communauté de Rome)

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