PERE EAMONN MANSFIELD
C.S.Sp. (1934 – 1995)


Né le 06/04/1934 à Tullamore (Irlande) ; 1° vœux le 18/09/1953 à Kilshane (Comté de Tipperary) ; Vœux perpétuels le 08/09/1956 à Kimmage (Irlande) ; Diacre le 30/03/1963 à Fribourg (Suisse) ; Prêtre le 14/07/1963 au Collège Clonliffe (Dublin) ; Décédé le 03/10/1995 à Kimmage, à l’âge de 61 ans, après 42 ans de profession .

Eamonn naquit le 6 avril 1934 en Irlande dans la ville de Tullamore, où sa famille habitait tout près de l'église catholique. Sa naissance eut certainement lieu au Temps Pascal, car ses parents s'étaient plaints de ce que les fréquentes sonneries des cloches empêchaient leur bébé de dormir.

Son enfance fut heureuse et il ne tarda pas à avoir une petite soeur, Una, pour lui tenir compagnie. Lorsqu'il commença ses études primaires, chez les Frères de la Doctrine Chrétienne, sa famille s'était établie dans une autre ville, Birr. Eamonn était un brillant élève à l'esprit inquisiteur à l'époque de sa Première Communion et déclara qu'il serait prêtre. Mais ce projet faillit avoir des conséquences dramatiques lorsqu'un jour il distribua la communion sous forme de petits cailloux à ses deux petites soeurs et ses amis, et malheureusement Una avala le sien et dut être transportée à l'hôpital. Cela mit fin aux "Messes" !

De tristes événements mirent Eamonn en contact avec la souffrance dès son jeune âge – il commença d'abord à développer un bégaiement aigu (pour lequel il suivit plus tard un traitement qui améliora la situation, mais il dut jusqu'à la fin de sa vie porter la croix de cette infirmité qu'il appelait "l'écharde dans la chair" cf II Cor 12,7). Cette difficulté fut peut-être causée par la longue maladie (la tuberculose) et la mort de sa mère alors qu'il avait 9 ans et demi. Après cette épreuve, leur père déménagea de nouveau avec ses trois jeunes enfants et leur grand'tante, qui désormais prit soin d'eux. Ils s'établirent d'abord à Donegal et plus tard à Raphoe au nord de la République d'Irlande.

Ces nombreux déplacements et surtout la perte de sa maman ont certainement contribué à enseigner au jeune Eamonn le détachement qui lui sera nécessaire lorsqu'il se joindra à une congrégation missionnaire.

C'est à la fin du cycle primaire qu'il s'intéressa à la photographie et commença même à développer ses propres pellicules chez lui dans une chambre noire sous l'escalier. Il garda toute sa vie un grand intérêt pour la photographie et cela l'aida considérablement lorsqu'il utilisa les moyens audio-visuels et le photo-langage pour ses classes de catéchèse.

Quand il eut terminé l'école primaire, Eamonn fut envoyé comme pensionnaire au Collège de Blackrock – ce fut son premier contact avec les Père du St Esprit (appelés maintenant les "Spiritains"). Tandis qu'il était chez lui en vacances, à la fin de sa première année d'études, un nouveau malheur frappa sa famille : la mort subite de la grand'tante Lil, la seconde mère des enfants. Ce ne dut pas être facile pour le jeune adolescent d'assumer une nouvelle fois la perte d'un être cher et si proche. Son père se remaria l'année suivante, et les enfants qui avaient connu tant de chagrins et de privations dans les premières années de leur vie purent bientôt se réjouir de la naissance d'un frère et d'une soeur.

Eamonn à Blackrock se montrait un très bon étudiant et un adolescent normal. Il jouait au rugby, avait un excellent appétit, prenait part aux opéras organisés par l'école, aimait écouter "Radio Luxembourg" et les "Top Twenty" de la chanson (le choix à cette époque était plutôt limité, comparé à la situation offerte aux jeunes actuellement). Il aimait la musique et jouait de l'harmonica. Il ne montrait extérieurement aucun signe excessif de piété, et pourtant sa famille ne fut pas surprise lorsqu'il annonça son intention de se faire prêtre, car il avait toujours été très attentioné et serviable pour les autres. Ayant été en contact avec les Spiritains de Blackrock pendant son adolescence, le choix lui fut facile, et il entra au Noviciat à l'âge de 18 ans dans un endroit aussi retiré que magnifique, à Kilshane, dans le comté de Tipperary.

Après sa profession et son temps de "désert", il revint à Dublin pour étudier les sciences à "University College". Ses études terminées en 1956, il fut pour sa première mission, envoyé comme professeur au Collège de Fatima, à Trinidad. Il alla ensuite étudier la théologie à Fribourg, en Suisse. Le 14 juillet 1963, Eamonn fut ordonné prêtre au Collège de Clonliffe à Dublin, et c'est à Blackrock où il avait fait ses études qu'il célébra sa première Messe.

Etait-ce la fin de sa route ? Certainement pas. Tout ce chemin n'était qu'une préparation à la mission qui lui fut assignée en 1964 : l'Ile Maurice, dans l'Océan Indien, où il devait passer les plus belles années de sa vie comme prêtre missionnaire. Il fut d'abord professeur et Préfet des Etudes au Collège du Saint Esprit où il fut très appécié par les professeurs et les élèves. L'intérêt très vif qu'il portait à l'astronomie fut bientôt partagé par un grand nombre de ses élèves qui devinrent des membres actifs du Club Astronomique qu'il fonda et à qui maintenant on a donné son nom.

Dans son zèle pour la proclamation de la Bonne Nouvelle, il entreprit la tâche difficile d'améliorer la formation catéchétique et de l'adapter aux temps nouveaux ; d'inventer de nouvelles méthodes répondant aux besoins du moment : il lança la catéchèse extra-scolaire pour les élèves des collèges privés non-évangélisés, le Centre Audio-Visuel (CAVIM) fut organisé et équipé, et en 1970 Eamonn (ou Ned, comme l'appelaient ses confrères) devint le Directeur National de la Catéchèse dans le Diocèse, un poste qu'il occupa jusqu'en 1992. Il donna un grand soutien et beaucoup d'encouragement à l'Ecole de Catéchèse nouvellement fondée et déjà prometteuse qui travaillait à la formation des catéchistes du primaire et du secondaire. Lui-même bénéficia d'une année de recyclage à l'Institut International de Catéchèse, Lumen Vitae à Bruxelles.

Parmi les autres réalisations auxquelles il s'était intéressé, mentionnons la fondation de la "Communauté d'expression anglaise" pour expatriés, dont il fut le chapelain et qui ne tarda pas à se développer en une communauté enthousiaste et vivifiante. Il avait un intérêt soutenu pour l'hindouisme et pour la culture et la spiritualité de l'Inde. (A Lumen Vitae, il en a fait le sujet de sa thèse). Après avoir lutté pendant deux ans pour obtenir un visa d'entrée, il finit par réaliser son rêve d'aller faire un pèlerinage en Inde, et il put visiter beaucoup d'endoits sacrés associés à l'hindouisme.

En tant que Supérieur de District des Spiritains de 1978 à 1984 et encore de 1986 à 1992, il se dévoua de tout coeur au bien-être de ses confrères, et c'est à lui en grande partie qu'on doit l'organisation de la "Fondation de l'Océan Indien" (F.O.I.). Il a beaucoup contribué à l'accueil et à l'accompagnement de vocations spiritaines venant de Maurice et de Madagascar. (Le Père Jocelyn Grégoire qui aujourd'hui fait vibrer le coeur de milliers de Mauriciens par ses sessions de chants religieux et d'évangélisation, a été un des premiers aspirants qui ont été accueillis et accompagnés à la F.O.I. par Ned).

Mais en dépit de cette extraordinaire activité missionnaire et le poids de 12 années de lourde responsabilité comme Supérieur Principal, Eamonn avait toujours du temps pour les autres – le temps d’écouter, le temps de prêter une oreille sympathique à ceux qui étaient dans la prière, le temps de "rendre service" à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, le temps de rire et de partager une plaisanterie, le temps de jouir d'un bon repas, le temps de se détendre aves ses amis, et surtout le temps de prier... Grâce à l'aide d'une amie très spéciale, il découvrit le rôle de Marie dans sa vie – elle remplaçait, pour ainsi dire, la mère qu'il avait perdue si tôt dans sa vie. Comme un enfant docile, il la laissa le prendre par la main et le conduire à Jésus, son Fils.

En 1995, au bout de deux années difficiles et pleines de défis, tandis qu'il suivait à Paris une formation dans l'audio-visuel, dans la semaine même où il reçut son diplôme, on diagnostiqua chez lui un cancer en phase terminale ; le choc qu'il ressentit lui-même, ainsi que ses amis, sa famille et ses confrères, fut énorme et on eut peine à y croire. Mais au cours des quatre mois qu'il lui restait à vivre (juin à octobre 1995), il passa graduellement du refus et de l'interrogation à une joyeuse acceptation de la volonté de Dieu pour lui.

C'est là que la profondeur de sa foi en Dieu, sa confiance en Marie, son amour et son intérêt pour le bien spirituel de l'Eglise locale qu'il avait servie si fidèlement et pour laquelle il avait offert ses souffrances, l'aidèrent à faire si sereinement le passage de cette vie à l'autre... Pour les membres de sa famille et de sa Congrégation, aussi bien que pour l'amie spéciale qui l'avait accompagné pendant ce dernier voyage, cette profonde expérience fut une vraie grâce... Nous savons que celui que nous avons aimé en cette vie et qui maintenant jouit de la Vie en abondance continuera à intercéder devant le Père pour la venue du royaume à Maurice, dans son pays natal et partout sur la terre.P

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