Père Jules MARY
décédé à Fort-de-France, le ler septembre 1902.


Jules Mary, né à St-Dié, le 29 juillet 1851, perdit son père à l'âge de trois ans, et six ans après, sa mère. Pris en affection par Mgr Caverot, alors évêque de St-Dié, il est admis par lui au nombre de ses enfants de chœur, lui sert la messe, et reçoit des leçons de latin à l'évêché, tout en allant à l'école des Frères. A 13 ans, Mgr le place au petit séminaire de Châtel. Sa sœur aînée, maintenant religieuse, le formait à la piété. Voyant son vif désir de se faire missionnaire, son oncle, l'abbé Froment, sollicita son admission à Langonnet.

Le grand scolasticat ayant été transféré à Langonnet en 1870, il y resta pour faire sa théologie. En 1875, il reçut le sous-diaconat des mains de Mgr Fava qui venait d'être élu évêque de la Martinique. Ordonné prêtre à Paris le 18 décembre 75 il prononça ses vœux le 27 août 1876. Le Père Mary reçut aussitôt son obédience pour la Martinique, où devaient s'écouler ses 26 années de vie religieuse et apostolique.

D'abord placé au séminaire-collège de St-Pierre, il y assura successivement les classes de septième, de sixième et de quatrième. Bon professeur, il était apprécié des familles et aimé des élèves. Mais ses attraits le portaient plutôt vers le ministère paroissial. Aussi, au départ du P. Picarda, en avril 1863, fut-il choisi pour lui succéder au Morne­Rouge, comme vicaire du P. Blanpin. Puis, à la mort de celui-ci, en 1890, il fut chargé de le remplacer à la fois comme curé de la paroisse, directeur du pèlerinage et supérieur de la communauté. Depuis lors, la vie du bon P. Mary, dans les joies et les épreuves, les deuils et les fêtes, se confond avec l'histoire du pieux sanctuaire de N.D. de la Délivrande. Nous nous bornerons à en retracer les traits les plus saillants.

La première catastrophe survint dans la nuit lugubre du 21 août 1891, où le cyclone le plus terrible qui eût jamais désolé ces parages s'abattit sur la Martinique. L'église du Morne-Rouge s'écroula sous le choc de la tempête ; le Père Mary, n'eut que le temps de se réfugier dans la sacristie, où un lambeau de plafond lui servit d'abri jusqu'à la fin de la tourmente. Il échappa ainsi à la mort, mais dut donner la sépulture à 29 cadavres, parmi lesquels huit religieuses de St-Joseph et de la Délivrande.

Il secourut ensuite tous ses paroissiens sinistrés, et décida d'ériger une nouvelle église. L'évêque lui permit de circuler dans toute l'île pour recueillir sou après sou les offrandes dans toutes les paroisses. Six ans après, Mgr Carméné bénit solennellement la nouvelle église le ler mai 1897, après l'achèvement du clocher, grâce au vaillant Frère Marie-Joseph ; ce qui valut au P. Mary d'être nommé chanoine honoraire de la cathédrale. Il eut aussi bientôt après la joie de célébrer ses 25 ans d'ordination sacerdotale.

Le volcan du Mont Pelé dormait depuis des siècles comme ceux du centre de la France. Le matin du 5 août 1851, un léger réveil s'était manifesté dans le premier de ses cratères par un courte éruption de fumée et de cendres sur un petit rayon de 100 mères seulement.

Les premiers symptômes d'une nouvelle activité apparurent le 23 avril 1902, et l'anéantissement de la ville de Saint-Pierre eut lieu par le feu et les cendres le 8 mai suivant. Ce jour-là le Morne-Rouge eut très peur, mais fut épargné.

Une seconde éruption semblabble à la première, survint dans la nuit du 30 août, détruisant le Morne-Rouge et causant la mort du Père Mary. Transporté à Fort-de-France, il reçut dans la capitale de, la Martinique, le ler septembre, un enterrement solennel, pour célébrer son dévouement et de son courage exceptionnels.

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