Le Père Joseph MAZERANG
décédé à Illkirch-Graffenstaden (67), le 25 janvier 1986, à l'âge de 72 ans


Le Père Joseph MANZERANG, celui qui devait devenir pour nous l'inoubliable " tata Mant sat ", est né le 3 avril 1914 à Grand'Eich, tout près de Sarrebourg, dans le diocèse de Metz. Très tôt, il pense au sacerdoce et est admis au petit séminaire Saint-Louis de Gonzague, à Montigny-lesMetz.

Les conférences missionnaires qu'il a l'occasion d'entendre, les nombreux confrères spiritains de la région, la proximité de l'école Saint-Florent furent les voies de l'appel du Seigneur à la vie missionnaire. Après avoir terminé ses études secondaires à Saverne, il entre le 6 septembre 1934 au noviciat d'Orly où il fait profession le 8 septembre de l'année suivante. Par la suite, sa formation sera dramatiquement interrompue par la guerre 1939-1945. Libéré au moment de l'armistice de 1940, il peut aller l'achever à Blotzheim. C'est là qu'il est ordonné prêtre le 5 juillet 1942. Mais la guerre, qui dure toujours, l'empêche de rejoindre l'Afrique. En attendant, il est nommé curé àOberstinzel, dans le diocèse de Metz.

Le 8 juillet 1945, il se retrouve à Chevilly, pour la consécration à l'apostolat. Il peut enfin partir pour l'Afrique et rejoindre sa nouvelle patrie, le Gabon. Il va y vivre les 37 années les plus fécondes et les plus actives de sa vie missionnaire, dans les régions de la Ngounié et de la Nyanga où il laissera une profonde empreinte : Saint Martin des Appindjis, Sindara, Mouila, Tchibanga, Il n*y a guère de coins de ces missions qu'il n'ait évangélisés avec un zèle plein d'ardeur et de générosité.

Tour à tour vicaire, curé, vicaire général, formateur de catéchistes de religieux et religieuses, de prêtres, apostolat auprès des jeunes confrères, des stagiaires et des coopérants qui lui sont confiés, des lépreux de " Clair Logis ", des réfugiés du Biafra, aimant par-dessus tout les tournées de brousse, se préoccupant en même temps d'assurer les ressources de la mission par sa menuiserie et son atelier... On est vraiment stupéfait devant la somme de travail accompli, quand on essaye d en faire le tour, Aussi ne faut-il pas s’étonner si, malgré ses manières facilement bougonnes, " tata Mandsat " fut aimé et apprécié de tous, petits et grands, pauvres et riches. et particulièrement de ses confrères.

En 1978, après 33 ans de ce rude travail, il demande à être affecté à un poste plus humble ; il devient alors simple vicaire à Tchibanga. C'est là que le Samedi Saint 1982, il est victime d'une attaque d hémiplégie qui nécessite une évacuation sanitaire. On lui fait, à Paris, une opération (pontage d'une artère cervicale) qui le remet sur pied. Il aurait peut-être pu retourner en Afrique, mais on lui conseilla de rester en France.

La décision de mettre fin à sa vie missionnaire fut certainement pour lui un moment très difficile Mais ce n'est pas, loin de là, la fin de sa vie apostolique. Le l janvier 1982, l'évêque de Metz lui confie la paroisse de Lixheim, dont il devient le curé. Il est aidé et soutenu dans ce travail par sa soeur qui habite Mittelbronn, tout proche et chez qui il prend ses repas. C'est précisément en revenant de chez elle qu'il fut victime d'un accident de voiture dû au verglas, le 25 janvier 1986. Il devait décéder quelques heures plus tard.

Ses obsèques, présidées par Monseigneur Schmitt, l'évêque de Metz, permirent de mesurer I'amitié qu'il avait su se conquérir en peu de temps auprès de ses nouveaux paroissiens et dans toute la région de Sarrebourg.

On est vraiment étonné de la richesse et de la fécondité apostolique de cette vie qui, tout simplement et sans se faire remarquer, a réalisé avec une telle plénitude la vocation d'un véritable fils de Libermann. Le Père Jean-Pierre Gaillard, qui vécut ses premières années de vie missionnaire avec lui, dira de lui : " C'était un homme de coeur, en même temps qu'un ardent ouvrier apostolique. Il portait vraiment le souci de l'évangélisation et avait une grande ouverture d'esprit, même s'il ne comprenait pas toujours les changements. Sous des dehors de vieil ours bourru et goguenard, il restera comme une des figures hautes en couleurs de l'Église gabonaise de ces dernières années... Monseigneur Raymond de la Moureyre qui l'a bien connu et pour qui il était un collaborateur très cher et un conseiller écouté, appréciait également son zèle apostolique. Il vivait surtout, confiera-t-il, de la Parole sortie de la bouche de Dieu et retransmise joyeusement par sa bouche.

Que pourrions-nous ajouter à de pareils témoignages, sinon le souhait que le Seigneur Jésus qui l'avait appelé lui donne en plénitude la récompense promise aux bons et fidèles serviteurs, et donne au cher Gabon de nombreux apôtres de cette trempe
Émile LAURENT

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