Le Père Théophile MENORET
décédé à Fort-de-France (Martinique), âgé de 89 ans, le 6 mars 1999


Né : 25 10 09, à Bouvron (44). Profès : 08 09 37, à Orly. Prêtre : 04 07 48, à Chevilly
AFFECTATIONS en Martinique -Fort-de-France, aumônier de l’Hôpital civil (49-54) ; Ste-Thérèse, vicaire (54-55), puis curé (55-65) ; Evêché, secrétariat, chancellerie (65-79) ; St-François, intérim (68) ; Ste-Face, Côte de Briant, vicaire (68-69) ; Hospice des vieillards Emma-Ventura, aumônier (79-93).- Retraite : Maison des spiritains (93-99).

Le Père Théophile Ménoret est né de parents agriculteurs. Il a commencé par exercer ce métier lui aussi, avec eux, pendant quelques années : c'est derrière la charrue, comme le prophète Amos, qu'il a entendu l’appel du Seigneur à la vocation sacerdotale, religieuse et missionnaire. Il entre alors au Séminaire des vocations tardives de Saint-Ilan pour y faire ses études secondaires. Profès à vingt-huit ans au milieu de jeunes gens qui en général n’en avaient pas encore vingt, il fait déjà figure d’aîné. Il sera mobilisé en 1939 et fait prisonnier de 1940 à 1945, en dépit d’une évasion manquée. A son retour au scolasticat, il tranche - sans le vouloir car c’est la discrétion même - au milieu de ses confrères par sa maturité et sa bonté, la générosité sans éclat, mais communicative, d’un cœur d’or.

En 1949, (après une " Première obédience " sans suite, comme économe de Mortain, du 3 juillet au 13 août...) le " jeune père " a quarante ans quand il part pour " l’Ile aux fleurs", cette Martinique aimée qu'il n'a jamais quittée, depuis presque cinquante ans.

Ses états de service montrent bien que les deux évêques successifs de Fort-de-France, Mgr de la Brunelière et Mgr Marie-Sainte ont su utiliser les compétences et la disponibilité du P. Ménoret tant dans le ministère en paroisse ou auprès des malades, des pauvres, ses préférés, et des vieillards que dans la gestion du temporel, qui elle aussi requiert des qualités d’autorité bienveillante, d’accueil, de tact et de prudence surnaturelle. Il n’en fallait pas moins chez l’exorciste diocésain et chez l’aumônier des Guides de France : son apostolat pendant plus de vingt cinq ans.

Bon administrateur, immensément zélé pour le salut des âmes, apprécié de ses collaborateurs et de ses paroissiens, il a été un bon Pasteur, il a été aussi un bon " Papa ", image idéale du père qui fait parfois tant défaut dans nos familles.

Malgré la retraite, malgré une santé défaillante, il a prolongé, même après 1993, le ministère de toute sa vie : écoute, compassion, bonté, miséricorde. Homme simple, sa sérénité était contagieuse et encourageait les petites gens, ses visiteurs assidus.

Un dicton courant dans le monde religieux suggère qu’il n'est pas toujours facile de vivre à côté d'un saint ; ce n'est pas à moi de canoniser le Père Théophile Ménoret, pas davantage de faire l'avocat du diable. Je peux dire en vérité qu’il faisait bon vivre auprès de lui : son humour, si fin, savait dire avec intelligence et charité, en peu de mots, ce que tant de philosophes ânonnent dans des livres alambiqués !
Repris du P. Jean-Pierre Delsarte

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