Le Frère Wilfrid MENTELE
décédé le 8 mai 2001, à Wolxheim à l'âge de 88 ans
Né : 05.08.12, à Petit-Landau (68). Profès : 08.12.31, à Neufgrange

AFFECTATIONS :
Neufgrange, ferme (29-31); Saverne, cuisinier (31-39); Cellule, jardinier (40­-42); Recoubeau, (42-45); Saverne, cuisinier (45-52); Wolxheim, jardinier (52-79) Retraite (79-01)


A la question : Que dire du frère Wilfrid ? on répond spontanément : C'était un grand travailleur. Il avait de qui tenir : les siens aimaient la nature et s'adonnaient à la culture. Il prend plaisir au travail des champs, spécialement en été, au moment de la moisson. Le grand air a pu lui donner le désir du grand large et donc d'être missionnaire. Mais les études littéraires l'intéressent très peu. On l'oriente donc vers le postulat des frères à Neufgrange. Il s'y trouve à l'aise, il est pieux, on est content de lui : on l'admet à la profession.

Jeune frère, il travaille pendant deux ans à la ferme et aux champs, a Neufgrange. Mais on a besoin d'un aide-cuisinier à Saverne : il sera à Saint-Floreiit jusqu'à la « drôle de guerre », en 1939. On sait peu de chose sur son passage a l'armée ; la débâcle militaire l'amène à Cellule, en Auvergne, où soeur Joachim règne sur les fourneaux : il travaillera au jardin. Mais il s'en retournera bientôt aux cuisines : d'abord à Recoubeau, en Dauphiné, au service du noviciat, puis à Saverne, en suite de la Libération, et enfin à Wolxheim.

Là, il prépare le repas, et pendant la cuisson, il tourne autour du fourneau, le chapelet à la main : il prie. Tout le temps qui n'est pas consacré aux marmites, il est au jardin. Il bêche, sarcle, produit fleurs et légumes. Le dimanche, à vélo, il roule sur des kilomètres, tout en chantant sa joie de vivre !

Mais voilà l'imprévu : la maladie. Il est hospitalisé à Haute-Pierre, l'hôpital de Strasbourg, le 8 février 1991. Le 12, on le transfère au 11e étage. De son lit, il voit très bien la cathédrale : il est ravi. Mais le lendemain, il déclare : « Je ne sais pas ce qui se passe, tout est trouble devant mes yeux ! » Le surlendemain, il ne verra plus rien du tout : il est aveugle, comme sa maman a été aveugle, et de la même façon. Il en est tout déprimé ; il répète « C'est la fin pour moi! » Rentré à Wolxheim, il réapprend peu à peu à se servir de la cuiller et de la fourchette. Il boit le potage, en levant le bol des deux mains. Au début, on arrive encore à le faire chanter (il a une belle voix), et il parle. Les soeurs le lévent, l'assoient sur sa chaise roulante. Mais, attention, qu'il ne se penche pas trop en avant, sinon c'est la chute ! Petit à petit, au fil des mois et des années, son état se dégrade... L'après-midi du 9 mai, entouré de la communauté, alors que le soleil inonde sa chambre de chaude lumière, il rejoint la Maison du Père.

Ainsi, s'achève une vie semée d'épreuves, certes, mais qui a été une expression de foi en la tendresse de Jésus et de la Vierge Marie, les deux amours de son coeur !
René Courte