Père Robert METZGER
né 2/12/1940, décédé 12 novembre 2003

Robert Metzger est né le 2 décembre 1940, à Colmar, en Alsace en plein début de l’occupation allemande.

Après ses études à St Florent à Saverne, il prononce des premiers vœux le 8 septembre 1959 à Cellule. Il étudie la philosophie à Mortain, puis passe un an comme surveillant à Allex. En 1964, il se retrouve au Congo Brazzaville, au titre de la coopération, comme professeur au petit séminaire de Mbamou. Ce sera sa première expérience congolaise. Après la fin de ses études de théologie à Chevilly, il est ordonné prêtre le 17 juin 1967 à Blotzheim.

Trois années d’études à Strasbourg pour la licence vont lui permettre de concrétiser son goût pour tout ce qui concernait l’histoire.

Et c’est encore comme professeur qu’il repart au Congo en 1971, cette fois au petit séminaire de Loango. En 1976, il est obligé de quitter le diocèse de Pointe-Noire et se retrouve à Brazzaville, à la paroisse St François ou il est vicaire, mais d’où il part presque chaque jour pour enseigner l’histoire de l’Eglise aux étudiants du grand séminaire. J’ai entendu certains de ses anciens élèves devenus prêtres, lors de leur passage ici, lui redire toute leur reconnaissance pour ce que ces cours leur avaient apportés. A partir de 1978, il réside à la Maison Libermann de Brazzaville ou il gère la Procure du District tout en continuant son enseignement. C’est là qu’il accueillera les premiers scolastiques théologiens de la toute jeune Fondation spiritaine d’Afrique Centrale. En 1982, à l’occasion de son congé, la Province de France lui demande encore de partager son temps entre la comptabilité de l’Economat provincial et l’enseignement de l’histoire aux scolastiques encore réunis à Chevilly puis à Clamart. C’est là qu’il commença à s’initier à l’informatique, sans d’ailleurs se passionner pour elle ; pour lui c’était un moyen rébarbatif, peu humain, mais nécessaire.

Il sentait que l’enseignement ne devait pas être le but de sa vie de prêtre et c’est pourquoi, en 1988, il demanda à repartir au Congo. Pendant sept ans il va vivre la vie de la paroisse de Sibiti, avec ses confrères prêtres et les religieuses de Saint-Méen : présence à la mission, tournées dans des villages de plus en plus pauvres, gérance de la pharmacie ; il était aussi conseiller épiscopal et comme tous, bien d’autres choses encore.

En 1995, il revient pour une année de recyclage à Paris, puis, la guerre sévissant au Congo, la mission de Sibiti pratiquement détruite, il rejoint Saverne ou il va animer le Centre Libermann. Il anime le groupe des « amis de Libermann » et il entre pleinement dans le projet de la ville de Saverne d’une exposition sur le Père Libermann ; il va y mettre toute la note spirituelle et historique qui ne pouvait venir que d’un spiritain historien et que nous somme heureux de retrouver en parcourant ces tableaux de notre histoire. Ce fut un peu son chef-d’œuvre et il pouvait légitimement en être fier.

Lorsque en 1999 la maison généralice a besoin d’un confrère pour aider l’Archiviste général, c’est Robert qui accepte. Il va faire là un travail ingrat de rangements, de classements, de dépouillement de dossiers, travail physique fatigant, remuant la poussière et transportant des cartons, même au début de sa maladie. Mais tout est rangé avec soin, étiqueté et prêt à la consultation des chercheurs qu’il sait aussi aider de toute son érudition. Même l’informatique commence à entrer et il sait l’utiliser à bon escient.

Visage un peu austère que je vous livre ainsi ? C’était un des traits du caractère de Robert. Au premier abord il paraissait froid. Homme d’une science qui se veut précise et pourtant pleine de diversités, il n’aimait pas beaucoup la fantaisie et l’a peu près dans l’action. Et c’est pourquoi, j’ai toujours admiré qu’il ait pu vivre cette période de mission en brousse, pleinement donné à des gens qui parfois profitaient de lui plus matériellement que de son ministère de prêtre. Ce fut certainement une période éprouvante à bien des points de vue, mais supportée avec l’aide de confrères et des religieuses de Saint Méen qui formaient avec lui une véritable équipe apostolique.

Visage austère ? Pourtant quand il commençait à raconter tous les détails des faits et gestes d’Astérix, Tintin, Lucky Luke, Dalton et autres Le Luron il n’y avait plus rien d’austère, mais une passion pour la fantaisie de toutes ces histoire qu’il connaissait par cœur : il savait se distraire, timbres-poste, livres et films le passionnaient au point que, ne voulant pas en être esclave, il n’a accepté un poste de télévision dans sa chambre que lorsqu’il a été gravement malade : avec lui, les temps de détente n’étaient jamais banals.

Il était aussi un homme de règle, Religieux spiritains exigeant pour lui-même, il savait aussi être très libre dans les jugements qu’il pouvait porter sur certains aspects de l’Eglise ; il était apprécié de ceux et celles pour lesquels il animait des retraites. Sa formation historique lui avait montré la relativité de certaines pratiques ecclésiales dans des périodes différentes, sa formation missionnaire aussi le portait au respect de toutes les coutumes, aussi les discussions étaient toujours animées et parfois même passionnées. Il savait parfois être un peu provocateur pour que la discussion aborde de vraies questions.

J’avais connu Robert au temps de son enseignement à Loango, nous avions eu l’occasion de faire plusieurs voyages ensemble, puis à l’économat provincial ou je l’avais aidé à s’insérer, puis de nouveau au Congo, enfin ici à Chevilly. Malgré notre différence d’âge, j’avais beaucoup d’amitié pour lui. Lorsque la maladie a commencé à faire son apparition, puis a progressé, j’ai pu voir combien il a été très dur pour lui de constater la progression de ce cancer, qu’il a eu du mal finalement à accepter comme inéluctable. C’est là que j’ai vu aussi la profondeur de sa foi et ses réflexes de chrétien. Je crois qu’il a été sensible à l’appui de son entourage, confrères et religieuses, famille et amis.

Ses derniers travaux aux archives portaient sur les dossiers des confrères spiritains disparus et il était un peu caustique devant les hommages funéraires, tels celui que je vous présente ; il les appréciait à leur relative valeur, il savait pourtant leur importance pour l’histoire. J’espère que d’auprès du Seigneur, Robert accepte ce résumé de sa vie de prêtre et de missionnaire : il vient s’ajouter comme une nouvelle pièce versée dans l’immense trésor humain et missionnaire d’une congrégation comme la nôtre : pour nous cela est nécessaire et nous aide à accepter son départ et avoir confiance en l’avenir.
Chevilly 14 novembre 2003 Guy Pannier