Le Père Joseph MEYER
décédé à Chevilly le vendredi 19 février 1999, âgé de 69 ans


Né : 14.04.29, à Volmunster (57) Profès : 08.09.49, à Cellule Prêtre : 06.10.57, à Chevilly

AFFECTATIONS
- France : Paris, aumônier, Lycée Janson-de-Sailly (58?59). Bangui R.C.A. : Bambari, vicaire (59-61) ; Bangui, cathédrale, vicaire (61-63); Boda (63-73) ; Bangui, curé de St-Michel (74-79) ; Bangui, chancelier de l'archevêché ; secrétaire de la Conférence épiscopale (79-87) ; Bambari, procureur et vicaire (87-93). France : Vence, repos (94-98) ; Chevilly, repos (98-99).

Joseph avait-il la trempe des valeureux missionnaires de l'Oubangui ? Fut-il un grand secrétaire ou un procureur diocésain émérite ? Je ne sais. Mais, là où Joseph passait, personne ne restait indifférent à son accueil toujours chaleureux, signe de sa joie de vivre et de sa bonne humeur. En bon comédien, sa manière d'exagérer les événements petits et grands, racontés avec force gestes et éclats de voix, lui donnait le temps nécessaire à un juste discernement sur les personnes et lui permettait de prendre la mesure de ce qui venait de se passer. Joseph a su s'adapter aux situations les plus diverses pour lesquelles il n'était pas fait plus qu'un autre. Mais, il a toujours dit 'oui' quand on lui demandait un changement, un oui sans retour comme au jour de sa jeunesse. Et le dernier fut le plus éprouvant. Mais, quel beau sourire toujours, comme s'il était sûr d'être là où Dieu le voulait.

Il vécut sa vie missionnaire et religieuse avec sérieux, régularité et dynamisme. Homme de dialogue, il savait s'adapter, se faire à tous ? pour ne pas dire aux exigences de tous?, et finalement, mener à bien le travail que l'Église lui confia. Il a souffert de sentir qu'il n'y avait pas toujours une confiance et une amitié réciproques chez ses collaborateurs les plus proches. Peu familier de l'ordre, il lui arrivait d'être submergé, et d'égarer dans une montagne de dossiers un papier important. Cela n'était pas toujours apprécié, mais son sens du service, son dévouement et sa relation facile avec chacun dégonflaient la colère des impatients et la superbe des gens bien ordonnés. Secrétaire ou argentier, n'était-ce pas sa manière, agaçante certes pour un certain nombre, de nous dire que le Royaume de Dieu n'est pas tant affaire de paperasserie ou de comptabilité rigoureusement tenues, que relations fondées sur le dialogue et l'acceptation mutuelle de nos différences et de nos limites. Espiègle, il aimait qu'on le remarque et qu'on l'écoute, tout en sachant lui même écouter les autres et tenir compte de leur avis.

Dès sa jeunesse, Joseph fut un familier de la souffrance. Durant sa formation, il s'excusait auprès des supérieurs, de ses séjours répétés à l'hôpital, craignant peut-être que l'on ne croie à une feinte. A certaines heures, son humour aurait pu le faire croire, car il n'était pas homme à se plaindre. Pour lui, la maladie n'était ni une déchéance ni une humiliation, mais une étape de la vie, une étape difficile de notre marche vers la vraie Vie. "Non, rien de rien, non, je ne re-grette rien", dit-il à un confrère trop pleurnichard à son goût, le jour de son arrivée à l'infirmerie de Cheverny. Cela en disait long sur sa capacité d'accueillir au jour le jour, les petites joies de la vie. Il a su se suffire de l'instant présent qui était pour lui le moment de Dieu. Cela explique-t-il le beau sourire avec lequel il nous accueillait toujours et qui fut son seul geste d'adieu avant son passage ?
Gabriel MYOTTE DUQUET

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