Le Père Joseph Michel,
décédé à Tournan-en-Brie, le 22 juin 1996,
à l’âge de 84 ans.


Joseph Michel est né le 8 juin 1912 à Beaucé (Ile-et-Vilaine). Il fait profession le 8 septembre 1932 à Orly. Il est ordonné prêtre le 29 septembre 1938 à Chevilly. Il est professeur à Saint-Ilan de 1940 à 1942. De 1942 à 1946, résidant à Piré, il entreprend un travail sur les missionnaires bretons. En 1946, il est envoyé au Congo et exerce son apostolat à la mission de Dolisie jusqu’en 1950. De retour en France, il est aumônier des Étudiants d’Outre-Mer (1950-1958), puis, à la maison mère, il fait des recherches et publie son ouvrage sur Claude Poullart des Places (1958-1962). Il séjourne à la Martinique, au collège de Fort-de-France, de 1963 à 1966. De nouveau en France, à Piré, en 1966, il y passe six ans, occupé à la préparation et à la publication de sa biographie de Jacques Laval. Enfin, à Courbevoie, puis à Rozay-en-Brie, il est aumônier des Violettes (1972-1996).

Joseph Michel est né à Beaucé, près de Fougères, de parents agriculteurs qui eurent douze enfants : deux sont morts en bas âge. Sur les dix restants, neuf devinrent religieux : deux spiritains, trois Frères de Saint-Jean-Baptiste de la Salle, trois Sœurs Augustines et une bénédictine. Le dixième se maria et eut dix enfants.

Le jeune Joseph veut être missionnaire au Congo, et il le sera ! Prêtre en 1938, il est d’abord professeur à Saint-Ilan, puis étudiant en histoire à l’Université de Rennes. En quatre ans, il obtient son doctorat avec une thèse qui a pour titre : L’activité missionnaire en Bretagne. (Dans les mois qui ont précédé sa mort, il venait de reprendre cet ouvrage déjà ancien, de l’actualiser, et ce travail rajeuni sera édité après sa mort par l’Université de l’Ouest. L’auteur n’a donc pas pu, comme il l’aurait aurait souhaité offrir ce livre au pape lors son voyage à Sainte-Anne d’Auray, en septembre 1996.)

En 1946, il part pour le Congo, au vicariat apostolique de Loango (peu après, vicariat apostolique de Pointe-Noire). Il sera le premier missionnaire à résider à Dolisie. « À cette époque, racontait-il, la mission avait cent quatre vingt kilomètres du nord au sud et cinquante kilomètres de l’est à l’ouest, avec plus de trente cinq catéchistes : une paroisse aux dimensions d’un département français…»

En 1950, on le rappelle à Paris, à l’aumônerie des étudiants d’outre-mer. En 1951, il participe à la naissance de Alizés, un bulletin pour les étudiants antillais, et en 1952, de Tam-Tam, pour les étudiants africains. Ces publications auront une profonde influence sur la future élite d’Afrique noire et des Antilles. Plusieurs articles et numéros spéciaux, rédigés par Joseph Michel, auront un profond retentissement, tels “Le devoir de décolonisation“ (1954), “Hiérarchie catholique et morale coloniale”, “La scolarisation de l’Afrique Noire”, “Dialogue entre Blancs et Noirs” (1958).

Ce sont là des sujets brûlants, qu’il sait traiter avec compétence et même avec un prophétisme certain.

À partir de 1958, la congrégation lui demande d’étudier notre fondateur, Claude Poullart des Places ; et, en 1962, il publie une biographie très fouillée qui renouvelle profondément les travaux antérieurs.

Après trois ans passés à la Martinique comme supérieur du Séminaire-Collège, il revient à la recherche historique et publie, en 1976, une vie du Père Jacques Laval, l’apôtre de l’Ile Maurice (béatifié quelques années plus tard). Il y ajoutera, en 1988, un petit ouvrage très précieux sur les catéchistes, auxilaires laïcs du P. Laval.

Enfin, durant les vingt-quatre dernières années de sa vie, il fut l’aumônier de la communauté des “Violettes” (école où l’on apprend la confection de fleurs artificielles). Transcrivons le témoignage de l’une des membres de la communauté : « Le père est arrivé en 1972, chez les Violettes de Courbevoie, pour terminer son livre sur le Père Laval. C’était l’époque où nous devions quitter, car le château n’était pas fonctionnel. Le père fit lui-même les nombreuses démarches auprès des administrations. Il assura lui-même notre déménagement à Rozay-en-Brie. Avec une camionnette, il fit plus de cent allers et retours et nous aida à nous installer. En 1975, il assura aussi la direction de l’école, et cela pendant plusieurs années. Tout en écrivant ses livres, tout en assurant son ministère auprès de notre communauté, il rendait aussi service à la paroisse de Rosay. »

Ce que nous pouvons retenir du P. Joseph Michel, c’est d’abord sa forte personnalité, sa grande intelligence et sa profonde finesse d’analyse des réalités sociales et politiques. C’est aussi sa compétence et son sérieux dans la recherche historique ; servi par une excellente mémoire et une solide santé, il avait une grande capacité de travail.

Beaucoup ont apprécié, enfin, son sens de l’accueil, de l’écoute, du service, et encore la douceur de son caractère, qui fut sans aucun doute le résultat d’une forte maîtrise de lui-même. -
Ghislain de Banville - PM, n° 224.

Voir aussi : MS, n° 4, “Joseph Michel (1912-1996), historien spiritain”.

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