Le Père Alexandre Monnier,
1864-1920


Né à Billiers, cousin du P. Barillec, Alexandre Monnier ne pouvait pas ignorer la congrégation du Saint-Esprit. Le curé de Bilhers lui donna les premières leçons de latin et le conduisit au petit séminaire de Sainte-Anne. C'est du grand séminaire de Vannes que François demanda son admission à Chevilly.

Il avait 22 ans et 8 mois, quand il fit profession le 29 août 1886. Sa nomination aux missions du Gabon provoqua en lui une exubérante explosion de joie. Il se disposa donc à se rendre à son poste par un voyage d'adieu à sa soeur aînée, devenue Fille de la Sagesse, à sa mère veuve et àsa soeur cadette restées à Billiers, et que son départ peinait grandement.

A son arrivée à Ste-Marie de Libreville, il se mit a baragouiner en langue ponguée la leçon de catéchisme apprise le matin même. Mais on lui confia bientôt I'oeuvre des latinistes, que le P. Buléon, après dix autres Pères, avait dirigée avant lui. Il commença avec une classe de 12 élèves, qui malheureusement succombèrent successivement aux appels des sollicitations extérieures. En finale, il ne lui restait plus qu'un seul élève qu'il parvint à conserver : Dieu bénit ses efforts et celui-ci devint l'abbé André. Ces difficultés ne faisaient qu'augmenter son amour pour la mission, et pour son chef, Mgr Le Berre, dont il disait dans une de ses lettres : "C'est un vaillant missionnaire, franc, généreux, avec qui on irait au bout du monde pour lui faire plaisir." En fait, l'évêque l'envoya ensuite à Ste-Anne de Fernan-Vaz, à St-Joseph des Bengas, et le rappela à Libreville comme vicaire, puis curé de la nouvelle paroisse de St-Pierre.

Après son congé en France, il fut nommé supérieur de l'importante mission de Lambaréné. Pour soutenir son apostolat, le P. Monnier avait besoin de 15.000 francs environ par an . L'évêque lui en fournissait 3.200. Depuis 1911, une généreuse carmélite doublait presque cette allocation annuelle ; le reste dépendait de son industrie et de ses confrères. En 1904, la mission avait eu le bonheur d'obtenir des Frères de St-Gabriel pour diriger son école de garçons. En 1910, eue eut la tristesse de les voir s'en aller à cause de la crise financière. Et ainsi les épreuves se succédaient pour le supérieur de Lambaréné, sans que jamais il perdit courage.

En juin 1919, il vint en France, représentant le Gabon au Chapitre général ; il passa quelques semaines près de sa soeur à Billiers ; puis se disposa à repartir au poste où il avait déjà tant travaillé.

Mais Dieu en avait disposé autrement. Le P. Monnier s'embarqua à Bordeaux sur le paquebot lAfrique, qui fit naufrage dans le Golfe de Gascogne. Le mardi 27 janvier 1920, quinze jours après le désastre, son corps fut rejeté sur la côte de l'île d'Yeu. La paroisse de Notre-Dame du Port organisa une veillée de prière et lui donna la sépulture en son cimetière. Ainsi se termina le sacrifice du missionnaire Alexandre Monnier de Billiers.

Page précédente