Albert est le sixième enfant d’une fratrie de huit. Comme leur père, Jules, qui travaillait dans l’entreprise Manurhin, la plupart d’entre eux firent carrière dans des métiers techniques. Albert lui-même aura l’occasion de développer en Guadeloupe cette fibre industrieuse, quand il fallait reconstruire églises et clochers détruits par des cyclones.
Albert commence ses études secondaires chez les jésuites, à Florennes, en Belgique. Au début de la guerre, cette école fut transférée à Amiens, puis, rapidement, le 17 mai 1940, il fallut se replier sur l’École apostolique de Penboc’h, près de Vannes. C’est donc en Bretagne qu’il décide de devenir missionnaire spiritain.
En 43/44, Albert fait son année de noviciat à Piré. Après deux années de philosophie à Mortain, il est envoyé à Neufgrange comme surveillant. Malade, il rejoint notre sanatorium de Montana, dans le Valais. Ses études de théologie se déroulent alternativement, selon son état de santé, à Montana et à Chevilly. Il est ordonné prêtre le 22 septembre 1951 dans la chapelle du Bouveret.
L’essentiel de sa vie active se déroule en Guadeloupe, dans deux types de ministère: l’éducation, comme enseignant, économe ou directeur spirituel, et le ministère paroissial. En 1989, il est victime d’un très grave accident de la circulation.
Les témoignages sur ses années de service en Guadeloupe sont unanimes.
« Partout, c’est un homme joyeux, gai et fraternel, et généreux, vis-à-vis des nécessiteux et des quémandeurs, ayant été lui-même un quémandeur lorsqu’il entreprenait des travaux d’extension, soit à Saint-Louis, soit au Collège, soit surtout à la suite de cyclones démolisseurs de clochers ». « C’était surtout un homme de cœur ». « Notre guadeloupéen spiritain de cœur appréciait la nature de notre île. Un soldat de la Bonne Nouvelle ». « Ce qui me touchait chez le P. Albert, c’était sa capacité à repérer les forces vives et dynamiques chez les personnes et la confiance qu’il leur accordait pour leur confier des responsabilités. Il nous donnait le sentiment de faire partie d’une grande et même famille. Le P. Albert était aimé de tous. Il était le « Bon père de tous ». À la Maison des Pères, sa porte était toujours ouverte pour l’accueil. »
En France, après un temps en famille et une opération des intestins, il rejoint notre Maison Saint-Léon, début février 2003. Grâce au dévouement des Sœurs et de tout le personnel, il vit des années paisibles. Sauf dans la soirée du 6 janvier 2007 où, faisant une promenade, il tombe, incapable de se relever. Malgré une intense mobilisation des gendarmes, il n’a été retrouvé que le lendemain matin, étendu dans les vignes. À une amie venue le visiter à l’hôpital, il a expliqué combien il a été heureux d’avoir pu faire cette expérience de dormir dehors dans le froid et l’humidité, le rapprochant ainsi des sans abri et des plus pauvres. Peut-être aussi, en cette veille de la fête de l’Épiphanie, le P. Morgenstern était-il à la recherche d’une étoile ?
Cette étoile de Noël s’est arrêtée au-dessus de sa chambre et le Seigneur de toute miséricorde l’a visité.
P. Jean-Paul HOCH