Père Jean MORIZUR
Décédé à Brazzaville le 6 août 2003, âgé de 83 ans.
Né : 21/12/19, Plonéour-Trez (29). Profès : 8/9/28, Orly. Prêtre: 29/6/43, Chevilly.

AFFECTATIONS :
FRANCE - Auteuil (44-45).
CONGO : Mbamou (45-54, petit séminaire) ; Brazzaville - St François (54-57) ; Linzolo (57-60) ; Vicaire général et Plateau des 15 ans (60-76) ; ND de Fatima (76-79) ; St François (79-2003).


"Je sais que je suis un mauvais spiritain. Mais je reviendrai petit à petit et je mourrai spiritain. D'ailleurs, je suis né spiritain" aimait-il à répéter depuis une petite vingtaine d'années.

Breton, né à Brignogan en 1919, il se comparait à un menhir. Un spiritain, c'était pour lui un homme qui dure là où il est. Nommé à Auteuil après son ordination, il gardera toute sa vie une vénération pour Brottier et c'est avec joie qu'il accueillera l'Association de laïcs, Daniel Brottier.

Mgr Biéchy, alors archevêque de Brazzaville demanda en 1944 un confrère pour « faire passer le bac aux petits Noirs de Mbamou », le petit séminaire. Le Provincial désigna le père Morizur et, fin avril 1944, il embarque sur le Hogard, le bateau où le capitaine lui dit « Petit père, vous attraperez la Congolite dont vous ne vous débarrasserez pas ». Ce fut une parole de prophète car il y restera presque 60 ans, sans beaucoup revenir en France, sa famille se demandant à une époque s'il vivait toujours !

Il commença sa carrière de grand constructeur. Une bonne dizaine d'églises à Brazzaville, des presbytères nombreux, le grand séminaire, l'Archevêché, la Nonciature et beaucoup de maisons. Vers 1975, il aura près de 120 ouvriers ... S'il a construit matériellement beaucoup, il a aussi sacramentalisé beaucoup, se créant des inimitiés chez ses confrères, car on pouvait venir de toutes les paroisses de Brazzaville, et trouver le sacrement désiré souvent assez rapidement chez le "bon Père". Ce n'était pas toujours l'idéal pour une pastorale d'unité.

Il avait également beaucoup de connaissances dans les milieux politiques et n'hésitait pas à dire ce qu'il pensait, vivant douloureusement toutes les guerres. Il resta toujours à St François, même au moment des pires dangers.

À la fin, la mousse avait poussé au pied du menhir qui penchait dangereusement : il devenait l'ombre de lui-même, accompagné magnifiquement par des religieuses polonaises, ses voisines.

Un grand enterrement sur la place mariale de l'archevêché et un désir exaucé : enterré dans la terre congolaise.

Un grand regret : ne pas avoir réhabilité la basilique Ste Anne, lui un breton. Et dommage qu'il n'ait jamais voulu écrire son histoire ... Elle aurait été contestable, mais intéressante, surtout que Jean Morizur savait écrire...
René TABARD