Le Frère BARNABE, Joseph Morvan,
décédé le 10 mai 1992, à Langonnet, à 80 ans

Né le 14 novembre 1911 à Plouvien, il prononça ses voeux àChevilly le 9 septembre 1930. Affectations: France - Piré, jardinier, chauffeur (31-35) Algérie - Misserghin, id. (35-39); puis guerre et captivité (39-45) France - Cellule -Saulnat, ferme etc. (45-53) ; Piré, id. (53-66) Langonnet, ferme et demi-repos (66-92).

Le Frère Barnabé a été, sa vie durant, lié aux travaux de la terre : tour à tour jardinier, fleuriste, fermier, planteur, sans compter le labeur automnal du cidre et des barriques. L'Afrique pour lui, ce furent les 75 hectares de Misserghin : les vignes, le verger, les fleurs. La guerre lui fit voir du pays : Syrie, Tunisie, l'Allemagne et ses stalags. Revenu en France en 1945, il passe quelques années àSaulnat, où il laboure, défriche et collabore aux expériences agricoles du Père Louis Coste. Puis ce fut un lent retour vers la Bretagne de ses origines, par Piré et Langonnet. En 1976, on parlera de retraite, de repos. Mais il était difficile d'imaginer Barnabé inactif.

Bourreau de travail, avec un certain goût de la perfection, il avait le coup d'oeil pour apprécier la bonne tenue d'un champ. Homme d'ordre, il notait sur un calepin la besogne du jour et se sentait comblé, le soir venu, quand le programme avait pu être rempli exactement. "Il faut que je sois mort pour que je m'arrête".

Avec l'âge, la maladie et les rhumatismes l'avaient peu à peu courbé vers la terre. Sa démarche devenait hésitante. Il appréhendait le jour où, selon son expression, "les outils lui tomberaient des mains." Atteint depuis quelques années déjà par un cancer des os qui n'avait pas cessé de s'étendre, le F. Barnabé n'a pas été épargné par la souffrance. Il l'a portée courageusement, en union avec son Seigneur crucifié.

Le F. Barnabé avait noué des relations dans les environs. Il était toujours prêt à rendre le service qui dépanne. Il savait aussi, àl'occasion, mettre les autres à contribution. Pour lui, la solidarité paysanne était une réalité. Consciencieux, fraternel, délicat, sensible aux actes plus qu'aux discours, pieux sans être démonstratif, il était de ceux qui font la force des communautés.
P. Jean Kerloch

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