Le Père Joseph Morvan, "Job", est né à Plouvien dans une famille d'agriculteurs.
C'est lors d'un passage dans sa paroisse du P. Jean Kerjean, spiritain
missionnaire au Gabon, que naît sa vocation. Il est conquis par l'ardeur et
l'enthousiasme de ce missionnaire originaire de Brest. Il avait déjà un oncle
qui était spiritain, le Frère Barnabé Joseph Morvan.
Job suivra le parcours
classique de formation spiritaine de cette époque. En 1957, c'est le départ pour
le Gabon, où il restera 40 ans. Il est d'abord à Minvoul, dans le nord du pays.
Il apprend la langue Fang, langue qu'il maîtrisera très bien. Plus tard il
apprend également l'Ikota. Cette aptitude en langue locale permit son
intégration et la bienveillance des populations. Il eut droit à un nom fang,
"Minko"; une marque d'adoption chez les africains. C'est la période des grandes
tournées à pied, de village en village et pendant plusieurs semaines. Après
Minvoul, il ira à Oyem où il sera chargé de la formation des catéchistes. Il le
fera en langue locale. Il assure ce service pendant une dizaine d'années.
En 1977, Job est chargé de fonder une nouvelle paroisse à Boué, il sera comme il
le dit: "chef de chantier". Job va devoir construire une église, un presbytère
et une école, en prévision de l'arrivée du Transgabonais. Ce ne fut pas une
sinécure et son dos en a pris un sérieux coup, quand il fabriquait des
parpaings, transportait des cailloux et du sable. Pour se procurer des
matériaux, c'était un filou. Sable et ciment étaient souvent livrés par des
européens qui travaillaient sur le Transgabonais. Les habitants, très motivés,
participaient financièrement au projet. Les dernières années de Job au Gabon se
passeront au port d'Owendo à Libreville. Il a raconté sa vie missionnaire, une
vie astreinte à des tâches matérielles en plus des spirituelles:
"On est
pauvre, alors on fait du petit commerce". Il se dira avec son humour
habituel, directeur de la SOGABRICA (société gabonaise de briques catholiques)
et il précisait que c'était évidemment les meilleurs parpaings !
Après une
vie missionnaire bien remplie, Job arrive à l'abbaye de Langonnet. Les premières
années, il peut encore rendre quelques services dans les paroisses
environnantes, mais assez vite ses problèmes de santé s'accentuent. Il avait un
réel talent pour raconter de très belles anecdotes de sa vie au Gabon qui nous
intéressaient beaucoup, mais ces dernières années, avec les souffrances qu'il
supportait, il n'avait plus goût à cela.
Je termine avec le témoignage d'un
prêtre gabonais
: "Parmi les missionnaires qui sont venus annoncer la Bonne
nouvelle, Morvan Minko a une place particulière dans le cœur des fang, et nous
ne t'oublierons jamais… c'était un fang nous sommes reconnaissants pour l'œuvre
missionnaire qu'il a accompli au Gabon." Nos prières l'accompagnent…
Morvan Minko Kele Mvoghe!
Michel THOMAS