Le Père Yves MORVAN,
1872-1933


Yves-Marie Morvan naquit à Quimper le 12 mars 1872. Son oncle maternel, l'abbé Paul Branquet, fut professeur à Pont-Croix et recteur du Relecq-Kerhuon ; ses deux frères furent prêtres, et l'une de ses deux sœurs religieuse. Lui-même eut le grand avantage, en sa première enfance, d'être remarqué pour sa belle voix par l'abbé Le Borgne, alors jeune vicaire à la cathédrale de Quimper. Après ses classes primaires, il entra en apprentissage dans l'atelier d'un tapissier. Mais la vue d'un Père spiritain le décida à demander les premières leçons de latin et à entrer au petit séminaire. Une faute de discipline le fit quitter Pont-Croix pour St-Pol-de-Léon en juillet 1883. Et en septembre de la même année il était admis à Langonnet !

Sa nature exubérante et son imagination ardente le privaient parfois en partie du contrôle rigoureux de ses actes, qui, après avoir exalté son esprit et entraîné sa volonté, le laissaient exposé au désanchantement et au découragement. C'est ce qui va expliquer le curieux déroulement de sa vie.

Après sa philosophie à Langonnet, il entreprit la théologie à Chevilly. Pour vérifier le sérieux de sa vocation, il lui fut demandé une année de surveillance au lycée d'épinal. Or il mérita les plus grands éloges de son supérieur, le P. Roserot, qui termina son appréciation en constatant : "En somme, c'est le meilleur scolastique que nous ayons eu depuis longtemps dans la surveillance." En fait, son caractère sensible était capable d'un tel effort, pourvu que l'effort ne durât pas. C'est à Braga, au Portugal, qu'il fit profession le 6 janvier 1898, et c'est dans la cathédrale de Quimper qu'il fut ordonné prêtre le 25 juillet 1899. Le P. Morvan voyait ainsi ses rêves accomplis ; il allait être missionnaire à barbe et à grande barbe.

Sa première obédience le dirigea sur l'Angola. Après une année passée à Malange, il eut à participer à la fondation de la mission de Moussouco, dont il eut la direction de 1901 à 1905. Durant son congé dans son pays natal, il obtint un certain succès par ses conférences missionnaires. Il repartit ensuite dans sa mission de Moussouco, mais ne réussit pas à se réadapter ; il cherchait une diversion dans des récits de voyages, ou des essais de drames en vers, car il maniait le vers français avec une grande souplesse.

Revenu en Europe, il passa une année à Gentinnes (Belgique), puis une année à la paroisse bretonne de Paris. Après un temps de repos et de maladie à Langonnet, il assura un ministère de quinze mois en Guadeloupe, un autre de dix mois dans l'île Maurice, puis un autre à la Réunion. Il revint à Langonnet pour cinq années, puis obtint de partir à St-Pierre et Miquelon où il tâcha de se rendre utile durant deux ans.

Enfin il reprit sa place à Langonnet, occupé de travaux manuels dans le parc et la communauté, où il pouvait reprendre son ancien métier de tapissier pour réparer des matelas et rembourrer des fauteuils. Il y est décédé le 12 janvier 1933, à l'âge de 60 ans.

Le P. Valy, supérieur de Langonnet, écrit de lui : "Le bon Dieu aura béni ses ardents désirs, et les aura récompensés. La communauté garde de lui le souvenir d'un excellent confrère, bon et charitable, et d'un bon religieux

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