Le Père Alphonse MULLER,
décédé a Eslotzheim, le 19 février 1981,
à l’âge de 79 ans.


Alphonse Muller naquit à Waltenheim (Haut-Rhin), dans une famille profondément chrétienne. Sur les quatre enfants qu’elle comptait, la sœur ainée devint religieuse de Ribeauvillé et un frère cadet, Georges, fut, comme lui, spiritain. De constitution robuste et d’une santé à toute épreuve, il ne fut jamais malade. Sous une enveloppe plutôt rude, il cachait une âme sensible, délicate, un peu romantique. Toutes ses qualités physiques et spirituelles, il a su les mettre au service des autres sans ménagement.

Quand il commença ses études secondaires à Saverne en 1916 c’était la guerre. Temps de privations. Il sut partager avec ses camarades moins favorisés les provisions qui lui parvenaient de la ferme paternelle. Lorsque en 1918 sévit la grippe espagnole, il fut parmi les rares à être épargnés et s’improvisa infirmier des professeurs et des élèves. En 1922, il entra au noviciat d’Orly où il fit profession le 17 septembre 1923. Le 28 octobre 1928, il était ordonné prêtre, à Chevilly.

En 1923, il partit pour le Loango et fut désigné pour la mission de Mouyondzi. Il pensait que c’était pour le reste de sa vie et tout semblait le prédestiner à une longue carrière missionnaire. Il se dévoua tout entier à l’école et au dispensaire, dans les tournées et a la mission. Mais tout cela devait finir en 1938. En effet lors de son premier congé, il fut retenu comme professeur a Blotzheim. Le P. Muller obéit et découvre une autre manière de se dévouer et d’être missionnaire. En même temps que les cours d’histoire et de géographie, lui fut confiée la paroisse voisine de Michelbach-le-Bas. En 1939, il partagea avec ses paroissiens le sort de la population frontalière qui fut évacuée dans les Landes

Rentré en Alsace en 1940, il ne quittera plus Blotzheim pendant 40 ans. Chaque matin, il se rendra dans sa paroisse pour y assurer messe, catéchisme, visite des malades ; I’après-midi, il est à l’école pour les classes et l’éducation physique. Dans la communauté, il était un confrère charmant, un conseiller très écouté et toujours soucieux de dédramatiser les situations. Il vivait une véritable pauvreté religieuse dans son logement, son ameublement, son habillement, son moyen de locomotion, jamais autre qu’une bicyclette, “le véhicule des ouvriers” comme il disait.

Il lui fut pénible, en 1974, de devoir renoncer en même temps à ses classes et à sa paroisse, mais sa forte constitution était ébranlée et il déclinait d’année en année. C’est sans crier gare, toujours aussi discret dans sa mort que dans sa vie, qu’il partit pour la maison du Père dans la matinée du 19 février 1981. -
Léon Ledit - PM, n° 76.

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