R. P. Emile Muller, Conseiller Général,
Supérieur de la Maison-Mère.


0n sait que le R. P. Muller avait, été arrêté par la Gestapo à Paris, le 8 février 1944,. Le F. Rufus, qui avait caché dans un coin de la Maison-Mère, sans que personne, le sache, un groupe d'aviateurs américains, avait été arrêté deux jours auparavant ainsi que le F. Gérand, portier. Il nous fut possible de suivre et de ravitailler nos trois prisonniers à la prison de Fresnes jusqu'en mai. Nous pûmes savoir alors qu'ils avaient emmenés à Compiègne, puis de là en Allemagne, mais on n’avait ­plus eu aucune nouvelle depuis lors.

Le F. Gérand rentra à Paris le 30 mai; le F. Rufus donna de ses nouvelles d'Allemagne, puis rentrait en Hollande: du R. P. Muller, toujours rien...

C'est tout récemment, sur (les renseignements donnés par prètre de Tours, ancien élève du Séminaire Français de Rome et compagnon du R. P. Muller jusqu'en novembre dernier au camp de Bergen-Belsen, que nous avons pu atteindre un de ses compagnons qui vient d'être rapatrié. Voici ce que nous a écrit, le 20 juin, le Dr Frégafon, Colonel Médecin en retraite

« Notre vénéré camarade, le P. Muller, est décédé au Block 5, du camp de Bergen-Belsen, le 11 décembre 1944. Il est mort d'épuisement, après un lent et continuel déclin de ses forces qui étaient grandes cependant, tant moralement que ni matériellement. Pendant plus de quatre, mois, dans ce triste camp d'extermination, il a soutenu, réconforté ses compagnons, édifiant par l'exemple de sa résignation souriante et trouvant toujours les paroles d'espérance qui touchaient profondément. J'étais personnellement très heureux de passer chaque jour quelques moments avec lui et c'était un plaisir délicat de, l’entendre conter ses souvenirs des Antilles ou du Canada. Il était notre doyen d'âge et, malgré les privations de toutes sortes, il garda longtemps une activité précieuse, courant de block en block consoler et réconforter les grands malades, si nombreux, hélas !
« Sa disparition laissa un vide immense parmi les Français du camp de Bergen-Belsen. »

On a fait, à la Maison-Mère, un service solennel pour le repos de son âme; Mgr le T.R. Père a donné l'absoute. Les représentants des OEuvres Pontificales Missionnaires et des Congrégations missionnaires de Paris avaient tenu à y assister.
Bulletin général T. 39 p.592

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