Le Père Claude MURARD,
décédé à Mourindi, le 2 août 1919,
à l’âge de 49 ans.


Claude Murard était né le 1er avril 1870 à Saint-Maurice-les-Châteauneuf (Saône et Loire). À dix sept ans, il avait été admis comme scolastique à Cellule et, neuf ans plus tard, il avait émis ses premiers vœux à Orly, le 15 août 1896.

À son arrivée en Afrique, en 1896, le P. Murard fut placé à Sette-Cama où, après avoir été employé pendant quelques temps à l’œuvre des enfants, il entreprit bien vite le ministère dans les îles de la lagune. Comme ses prédécesseurs, il eut à souffrir beaucoup de la fierté, de l’arrogance des populations ; il ne fut pas toujours reçu dans les villages où il venait annoncer la bonne nouvelle. Gâtés par le commerce qui se faisait très activement à cette époque, les indigènes préféraient à une leçon de catéchisme quelques têtes de tabac et une touque d’alcool. Pour essayer de capter leur confiance, le P. Murard supprima, pour ses courses apostoliques, non seulement l’utile mais le nécessaire ; et, prenant trop à la lettre la parole de saint Paul, il se fit Noir avec les Noirs. Il eut certes du mérite, mais les Noirs ne comprirent pas, et il gagna à cette vie de privations une bilieuse hématurique qui faillit l’emporter.

Il utilisa, dans ses courses à travers la lagune, ses réels talents de cartographe et pouvait au bout de quelques années, présenter la carte de la région très consciencieusement relevée.

À cette époque, et pour trouver des âmes plus dociles, il entreprit des voyages dans l’intérieur, visita les Varamas, les Yakas, et vint, en 1899, faire du ministère à Muyombi où se trouve actuellement la mission de Notre-Dame du Mont Carmel (Mourindi).

Puis, on lui confia pendant quelque temps la direction du séminaire indigène de Mayumba ; en 1911, il reprit son ministère et ses courses apostoliques dans la région de Kakamoéka. Un jour, à deux journées de la mission, il tombe et se brise la jambe. Transporté par des moyens de fortune à la mission, il continue en pirogue et arrive après quatre jours d’intolérables souffrances à la formation sanitaire de Loango. Pendant un mois, il étonna et édifia tous ceux qui l’approchèrent par sa patience et sa résistance à la douleur.

Après un congé en France (1913), il dirigea les classes à Loango et fit du ministère aux environs. Puis déchargé de l’œuvre des enfants, il étendit son rayon d’action et fit un bien considérable. Très dur pour lui-même, dur aussi pour les autres, il était aimé et respecté de ses chrétiens. Ennemi de toute duplicité, il les voulait sincères comme lui, et rien ne l’irritait comme les démonstrations hypocrites d’une religiosité qui fait en même temps la part à Dieu et au diable.

En novembre 1917, il fut nommé supérieur de la mission de Mourindi. Il quitta avec peine Loango et ses postes de catéchistes ; mais, en bon religieux, il accepta. Sans doute, il avait été le premier missionnaire des Yakas ; mais des démêlés, datant de quelques dix ans, lui avaient rendu cette région et ses habitants très antipathiques.

Sa vie au Mourindi fut dès lors une vie de souffrance morale continuelle. J’allai le voir et passer quelques jours avec lui au mois d’avril ; il avait repris courage et m’attendait en juillet. J’arrivai trop tard. À trois journées de marche de la mission, j’appris sa maladie et sa mort. -
Mgr Léon Girod - BG, t. 29, p. 474.

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