Le Père Joseph NASS
décédé à Wolxheim, le 24 mai 1990, à l'âge de 87 ans


Le P.Joseph NASS a laissé un grand souvenir à un cercle sans doute trop restreint. Pour bien des gens et même beaucoup de ses confrères, il était cet homme maigre, aux grands gestes, bourré de tics, à l'élocution hachée de "s'pas, s'pas", un peu triste, très solitaire. Pour quelques-uns il fut un remarquable accompagnateur spirituel.

Le curriculum du P.Nass est vite dit et ne dit pas grand-chose. Professeur à St-Martial (31-36), à Saverne (36-39), à Cellule (40­45), à Saverne (45-49), à Allex (49-50) ; aumônier à Friedolsheim (50-57) et à Altkirch (57-62). Enfin, pendant vingt-cinq ans, curé à Grundviller (62-87).

Qu'a laissé le P.Nass ? Peut-être une oeuvre écrite inédite (en plus de traductions), mais certainement une trace profonde chez ceux qui lui ont confié la direction de leur âme. En 40-45, il avait déjà atteint sa maturité intellectuelle. Il avait solidement fondé sa direction sur des études de psychologie qui allaient plus loin que ce qu'on envisageait généralement alors.

Essentiellement, il s'efforçait d'assurer la liberté de la personne pour un engagement total. Si bien que cet homme, par ailleurs attentif à une obéissance et une pauvreté méticuleuses, avait une grande méfiance à l'égard de ce qui s'impose de l'extérieur, mettons la discipline régulière, qu'il n'admettait que comme conséquence d'un choix fondamental du Bien qu'est Dieu.

Ce grand nerveux, à la santé délabrée, apparemment tourmenté, entraÎnait à la paix, à la détente, à la maîtrise de soi, - à l'école d'un médecin suisse un peu oublié, le Dr VITTOZ. Il avait en son temps écrit un livre (qu'il fut empêché de publier) sur la psychologie pastorale. Novateur pour son époque, il faisait une lecture globale de la personne, corps et âme, avec sa dimension d'inconscient.. Il ne négligeait, sans leur donner une importance excessive, ni la graphologie ni la caractérologie.

Rude : pas du tout sensiblard avec ses dirigés en quête de consolation. "S'pas, c'est ça!". Il n'y avait pas à discuter ou à atténuer...

Il a montré dans ses paroisses qu'il était un homme pratique et organisateur. Çette activité entreprenante était comme le trop­ plein d'un esprit, d'une âme consacrée à la beauté. Sous toutes ses formes : non seulement le culte de la peinture ou de la musique et même de la sculpture. Mais pour lui, l'esthétique enveloppait la morale et peu à peu la mystique, qui semble l'avoir emporté auxdernières années de sa vie.
Michel PICARD

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