Fr. NASSY
François Bulletin Général XIII p.1201


né à Cémalin, Malabar (Indes), le 01/01/1818 ; premiers vœux à La Réunion, le 01/07/1849 ; décédé à Bagamoyo, le 12/02/1878, à l’âge de 60 ans, après 38 ans de profession . Il a travaillé à Rodrigues de 1864 à 1867 .
Le 12 Février (1878), le Frère François Nassy expirait à Bagamoyo, d’épuisement et de fatigues . Né dans l’Inde, à Cémalin (Madras), il avait environ la soixantaine . Capturé dans son enfance par des pirates et conduit à l’île de la Réunion, il a reçu le St Baptême . Après l’émancipation, en 1848, il entra dans une famille respectable, et après quelques années, fut admis dans la Congrégation . Après avoir été longtemps à Bourbon et à Maurice, le bon Frère fut envoyé en 1867, à la Mission de Zanzibar, où il a passé 11 années, édifiant tout le monde par sa piété et son zèle ardent pour le salut des âmes .

Lettre manuscrite du P. Horner
Zanzibar le 7 mars 1878
LA MORT DU FRERE FRANCOIS
Le bon Dieu nous a demandé une nouvelle victime dans la personne du frère François, décédé à Bagamoyo en date du 12 février dernier (1878) .

Ce bon Frère, nommé Madjimoutou dans le monde, est né le 1° janvier 1818 à Cémalin dans l’Inde (Madras). Il a passé 11 ans dans la mission de Zanzibar . Il avait donc 60 ans et a fourni une belle carrière . Se trouvant depuis quelques années dans l’état d’enfance, ce cher confrère ne pouvait plus accomplir aucune fonction, en sorte que sa mort sous le point de vue des obédiences ne laisse aucun vide . Mais nous comptions toujours beaucoup sur l’influence des prières de cette âme simple et candide .

Voici quelques détails sur les derniers moments : le Frère François était content de mourir et surtout était content de mourir dans la Congrégation . Il a fait une très belle mort et, c’est le cas de le dire, belle vie, belle mort .

Ayant eu sa connaissance jusqu’au dernier moment, le bon frère a pu suivre toutes les prières . Il a recommandé de faire présenter ses respects au T.R. Père, ainsi qu’aux PP. Le Vavasseur, Collin et Horner .

Le défunt a été emporté par un accès bilieux soporeux . J’espère que cette âme simple et innocente ne restera pas longtemps en purgatoire, et que la Mission aura en elle un intercesseur de plus au ciel pour attirer des grâces de conversion sur les pauvres noirs . On dirait que réellement le bon Frère Félicien est venu le chercher comme il le lui avait dit 2 ou 3 jours avant sa mort .

En effet, il lui disait : « Allons au ciel, partons ensemble . » Et le bon Frère François de lui répliquer : « Allez vous-même et laissez-moi tranquille, laissez le bon Dieu faire . » Le Frère Félicien répondit de rechef : « Eh bien, je partirai et je viendrai vous rechercher . »

Inutile d’envoyer à présent des frères pour remplacer les deux frères défunts . Le Frère Félicien a été remplacé par le Frère Oscar . Le Frère Philippe et le frère François ne laissent aucunement à XXXXX .

LETTRE A M. LAVERRIERE, DIRECTEUR DES MISSIONS CATHOLIQUES A LYON
Lettre extraite des Archives Générales CD 6
Zanzibar 7 Mars 1878
Monsieur le Directeur,
Le bon Dieu vient de nous demander un nouveau sacrifice dans la mission de Bagamoyo en appelant à lui le bon Frère François âgé de soixante ans . Né dans l’Inde, à Cémalin (Madras) il a été capturé dans son enfance par un navire pirate, et conduit à l’Ile de la Réunion où il a été vendu comme esclave . Après l’émancipation de 1848, il devint l’engagé d’une famille respectable chez laquelle il était l’exemple des autres engagés par sa bonne conduite et son amour du travail .

La divine providence ayant sur cette âme simple et candide des desseins particuliers de miséricorde, il lui fit la grâce du Christianisme et bientôt après le jeune chrétien devint frère coadjuteur dans la Congrégation naissante du St Cœur de Marie .

Après avoir été longtemps à Bourbon et à Maurice un modèle des vertus religieuses, le bon Frère fut envoyé dans la Mission du Zanzibar (en 1867) dans laquelle il a passé 11 années en édifiant tout le monde par sa piété, son zèle ardent pour le salut des âmes .

Les vertus d’un élu étant la mesure de sa puissance et de sa gloire dans les cieux, nous pouvons donc compter beaucoup sur son intercession pour obtenir des grâces à notre pauvre mission du Zanzibar si souvent éprouvée par toutes sortes de croix . (…)

Traduction du texte tamoul de Frère François[6] Le Frère Nassy a écrit en Tamoul au P. Le Vavasseur ; Les commentaires du traducteur sont dans le fichier « Tamoul 1886 »
1866 Mai, 07 +
"Jésus, Marie, Joseph …, mon soutien ."
Au Rev. Père LEVAVASSEUR, de la société de la Sainte Mère du Scapulaire, sise à Paris, (en France), - son infime serviteur, le Frère François écrit, avec beaucoup d'humilité et de respect, la supplique que voici :

Voici d'abord des nouvelles d'ici, en ce moment, les nouvelles importantes que votre pauvre petit serviteur vous écrit :

Moi-même, - le Père Supérieur qui veille sur moi, le Rev. Père Thévou (THEVAUX ?), - le Rev. Père LAMBERT, le Rev. Père Mickel (Michel), - ainsi que les autres Rev. Pères qui sont ici, nous sommes en bonne santé physique . Et je vous demande de me faire savoir si vous-même et les autres Rev. Pères (qui sont là-bas) êtes également en bonne santé ou pas …

Et maintenant voici des nouvelles de (mon travail) mes occupations
- le matin, de 4h00 à 6h00, je fais ma méditation (ma prière)
- deuxièmement, jusqu'à 7h00, je travaille au jardin .
- troisièmement, jusqu'à 7h45 (?), je m'occupe, à la maison, de tout ce qui est nécessaire pour la nourriture .
- quatrièmement, à 8h00, je dois aller à la messe .
- cinquièmement, à 9h00, je prends mon repas du milieu du jour .
- A 10h00, il faut superviser le travail (s'occuper du travail) du jardin .
- Au milieu du jour, à partir de 1h00, je fais un quart d'heure de méditation (prière) .
- Ensuite une demi heure de repos

Et moi, Frère FRANCOIS, humble serviteur du Rev. Père Supérieur qui veille sur moi (nous), je baise ses pieds avec beaucoup de respect - Avec grande humilité et modestie je vous écris ces nouvelles . Et puis très humblement et respectueusement, je baise aussi les pieds du Rev.Père COLEN (Colin) (4),et des autres Rev. Pères, et je m'agenouille profondément pour recevoir leur bénédiction .

Maintenant, vous me demandez de partir à VINA POURVAN (ou Vinaï POURVATTEN) . Je dois agir selon votre volonté, bien sûr, et partir là-bas . Mais ici il y a beaucoup de difficultés au sujet de la culture des terres . Et je vais vous les décrire en détail :
- sur 4 arpents de terre, il y a des plants de canne à sucre ; avant qu'on ne puisse couper et vendre ces cannes, il faudra attendre 3 mois ; et la vente alors rapportera Rs. 800 .
- sur un arpent de terre, il y a des pommes de terre, pouvant rapporter Rs. 100 .
- sur un terrain d'un quart d'arpent, (un autre tubercule) (?), qui pourrait rapporter Rs. 40
- du manioc sur 3 arpents, pourrait donner Rs. …..
- des patates douces, sur 2 arpents, pouvant rapporter Rs. 20
- 2.000 (?) plants de bananiers devraient rapporter Rs. 40 (?)
- 7.000 plants d'aréquiers devraient rapporter Rs. 140
- du maïs sur 2 arpents de terre, dont on espère Rs. 40
- Un élevage de volailles, - 50 (?) bêtes -, rapportant Rs. 100
- Un élevage de porcs, …. bêtes -, rapportent Rs. 50

Mais, à cause de tant de travaux agricoles en cours, et parce qu'il faut recouvrer le capital investi dans tout cela, je demande à votre Seigneurie de pouvoir rester ici (encore) 3 mois ; ensuite, ayant tout réglé et mis en ordre, après avoir remis le tout entre les mains du Rev. Père Supérieur, le P. Jebadi ( ou CHEBADI ou JEYADI ou CHEYADI), j'irai rejoindre mon nouveau poste .

Dès maintenant, voici une estimation approximative des revenus obtenus par les travaux agricoles d'une année (cette année)
- Revenu total Rs. 1.600
- Dépense pour les cultures Rs. 200
- Surplus pour cette année Rs. 1.400 en main

A cause de tous ces travaux d'agriculture et d'élevage, je vous demande donc l'autorisation (de rester ici) pour 3 ou 4 mois .

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