Le Père Alphonse NATHIÉ
décédé le 28 octobre 2000 à Strasbourg, âgé de 92 ans


Né : 26.04.08, Voellerdingen (67). Profès : 08.09.29, Orly. Prêtre : 07.10.35, Chevilly
AFFECTATIONS
France - Saverne, professeur (36-50). Haïti - Saint-Martial, professeur (50-63)
France- Allex, professeur (63-67) ; Neufgrange, ministère (67-68) ; Ippling, curé (68-83)
Retraite : Wolxheim (83-00)

Toujours soigné dans sa tenue, été comme hiver, à voir le père Alphonse 'Nathié, on pouvait dire : Cet homme est fait pour vivre cent ans. D'où la surprise de ses confrères de Wolxheim quand on leur annonça qu'il venait de s'éteindre. En réalité, on savait que la semaine précédente il était tombé trois fois, à la suite de malaises. Hospitalisé, le Père avait, lui, conscience de son mal et se disait prêt à passer sur l'autre rive.

Très tôt, l'enfant a rêvé du grand large et des missions. Il fit à Saverne et au scolasticat des études sérieuses, et au début de sa dernière année de théologie, à Chevilly, on devinait déjà qu'il resterait en France pour être professeur. De fait, il retourna à St-Florent pour y enseigner les " belles lettres "(français, latin, grec) tout en étant sous directeur. La guerre survenant, et la défaite, on essaya tant bien que mal de continuer les classes, mais en juillet 1941 il lui fallut s'enfuir par la Suisse, pour aboutir avec plusieurs autres à Cellule, où il connut toutes les privations et difficultés de la guerre, jusqu'à ce qu'il pût enfin revenir à Saverne, mais nanti d'une licence de lettres conquise à Clermont. Il fut derechef professeur de lettres, n'oubliant pas sa vocation initiale de missionnaire au loin,'. Ses demandes réitérées furent enfin honorées, en 1950, mais ce fut pour rejoindre le grand collège haïtien de St-Martial, à Port-au-Prince. Professeur dans des classes surchargées, il s'y trouva à l'aise très vite. Le verbe haut, la main leste, il travaillait beaucoup : en réponse il exigeait beaucoup.

Rentré en France en 1963, il continua à Allex sa façon de faire avec, apparemment du moins, aisance et sûreté. Puis il abandonna l'enseignement. Affecté à Neufgrange, il se consacra au ministère. Comme les curés des environs, la Sarre comprise, appellent beaucoup à l'aide, il ne manqua pas d'occupation. Mais il aspirait àun poste fixe. I-e diocèse de Metz lui confia la paroisse d'Ippling, avec ses 600 habitants. Il s'installa au presbytère et put enfin être curé à plein temps et se donner : à sa façon à lui, avec énormément de disponibilité et de cœur. Qu'il y soit resté quinze ans, c'est bien la preuve qu'on l'appréciait et que l'on tenait à lui.

Comme il était homme de principes, il jugea bon, à 75 ans, de demander à être relevé de ses fonctions, pour se retirer. C'est ainsi qu'en 1983, il arriva à Wolxheim, bien décidé à continuer à servir : il visitait tous les jours les confrères alités, pour les réconforter de la parole et du geste. Il les poussait aussi sur leurs chaises roulantes, veillant à ce qu'ils puissent jouir de toutes les rencontres de la communauté, à la chapelle, au réfectoire, partout où il se passait quelque chose. C'est ainsi que la mort l'a rencontré: ce n'était pas subitement
René Courte

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