Le Père Pierre Nio,
Décédé à Langonnet, le 31 mars 1898,
à l’âge de 29 ans.


Pierre Nio, né le 28 juin 1869, était le onzième et dernier enfant d’une famille foncièrement chrétienne de la paroisse de Surzur, au diocèse de Vannes. Son frère aîné, qui l’avait précédé dans la carrière ecclésiastique, lui donna les premières notions de latin, et l’envoya en troisième au petit séminaire de Sainte-Anne d’Auray. C’est là que le jeune étudiant conçut, comme plusieurs de ses condisciples, la première idée de se faire un jour religieux missionnaire.

Après deux années au grand séminaire de Vannes, il fut admis à Chevilly, le 13 février 1893. Le 15 août de l’année suivante, il fit profession, puis, le 25 octobre, il s’embarqua à Marseille pour l’Oubangui, avec le P. Raoul Goblet et le P. Émile Leclercq, tous les trois alors pleins de vie, de santé et d’ardeur, et tous les trois, hélas ! moissonnés à la fleur de l’âge par les fièvres africaines.

Mgr Augouard, trouvant dans le P. Nio diverses aptitudes très utiles, le garda d’abord à Brazzaville et le chargea de la procure ainsi que de la formation des enfants au chant des offices ; puis, en décembre 1896, il l’envoya à Saint-Louis de Liranga, où le P. Olivier Allaire, très fatigué par dix années de travaux dans cette lointaine mission, avait un pressant besoin de renfort. Le P. Nio y fut spécialement chargé de l’œuvre des enfants.

Mais, au bout de quelques mois, il se trouvait complètement à bout de forces. La fièvre et la dysenterie dont il avait été atteint, durant le long et pénible voyage de Loango à Brazzaville, avaient déjà miné sa constitution, pourtant assez robuste.

« Le mieux relatif que j’avais éprouvé, écrivait-il à son frère, le 4 avril 1897, s’est vite évanoui, et je ne suis plus qu’un manche à balai ambulant, bon à mettre aux invalides de la congrégation. Je ne puis plus que me traîner. La fièvre m’a miné, je l’ai depuis plus de dix mois ; mes jambes flagellent comme celles d’un bébé… Triste, à moins de vingt-huit ans !

« Mourir dans sa mission, ajoutait-il en se reprenant, sied bien à un missionnaire ; mais mon supérieur, s’oubliant lui-même, trouve que je suis jeune et que je puis encore reprendre des forces ; et le docteur veut absolument que je rentre en France. Que la volonté de Dieu soit faite quand même, et vive la joie ! »

Le 12 juillet 1898, il quitta Liranga pour la France, où il arriva le 10 septembre. Après quelques jours de repos à Paris, il se rendit en Bretagne. À peine arrivé à Vannes, il dut s’aliter chez une de ses tantes et il fut si malade qu’on lui administra les derniers sacrements. Cependant, il reprit quelques forces, et il en profita pour se faire transporter à Langonnet, voulant achever sa courte carrière au sein de sa famille religieuse.

C’est là qu’il a succombé le dernier jour du mois de saint Joseph, en offrant à Dieu sa vie pour la congrégation, pour ses parents et pour sa chère mission de l’Oubangui. Ses dernières paroles ont été celles-ci : « Jésus, Marie, Joseph, faites que j’expire en paix dans votre compagnie ! » -
BG, t. 19, p. 162.

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