Le Père ORCEL

IL est né le 18 avril 1882 à Plan, fils de petits paysans propriétaires de leur ferme. Il fit ses études classiques et sa philosophie au séminaire diocésain de la Côte-Saint-André, puis une année au grand séminaire, accomplit son service militaire, et passa une seconde année de théologie à Grenoble, sans être vivement attiré par les missions. Il avait senti en son âme de vagues aspirations à la vie apostolique, sans y attacher d'importance ; il n'éprouvait aucun attrait pour la vie religieuse et se demandait même si la voie la plus simple, celle du ministère paroissial, n'était pas la plus héroïque pour lui en ces temps troublés. La Providence l'amena, presque malgré lui, comme il le disait plus tard, à demander son admission dans la Congrégation: des conseils d'amis l'y déterminèrent, pendant qu'autour de lui plusieurs de ses condisciples entraient dans d'autres congrégations. C'est ainsi qu'il se présenta au noviciat de Chevilly, le 29 octobre 1904. Il était clerc minoré. Au bout d'un an, le 1 er novembre 1905, il fit profession et acheva ses études théologiques, fut ordonné prêtre le 28 octobre 1906 et fit sa consécration à l'apostolat en juillet 1907.

Avant de l'envoyer en Guinée, on lui accorda une année de préparation scientifique à l'université de Fribourg ; il devait en tirer grand parti pour l'étude dès langues, en vue du salut des âmes qui lui seraient. confiées. A Conakry, se servant des manuscrits du Père Sage (un Savoyard ancien élève de Seysinnet) : traduction du grand catéchisme, d'une partie de l'Ecriture Sainte et surtout de 80 fables indigènes, il fit rapidement de remarquables progrès qui lui permirent de travailler non seulement dans la capitale, mais aussi dans les petits villages environnants.

Quand il sut parfaitement le Soussou, Monseigneur Lerouge, nouvellement nommé préfet apostolique, l'affecta, en 1912, à la fondation de la mission d'Ourous, avec le Père Montels comme supérieur. A 700 km au nord de Conakry, près de la frontière du Sénégal, les Coniaguis avaient victorieusement résisté à l'influence musulmane. Ils accueillirent les missionnaires avec bienveillance. Six mois plus tard, le Père Montels, terrassé par la fièvre bilieuse, offrait sa vie, à l'âge de 36 ans, pour les Coniaguis et la mission d'Ourous. Le Père Orcel, courageusement se mit, le premier, à l'apprentissage de cette nouvelle langue, bien différente de celle de Conakry.

- Au bout d'un an, épuisé de fatigue, il regagna la France. De retour en Guinée en 1914, la guerre le retint à Boké et à Conakry ; ce n'est qu'en 1919 qu'il put revenir à Ourous pour mettre au point son manuscrit d'un catéchisme coniagui et la traduction des évangiles du dimanche. En 1922, de retour en France il les faisait imprimer à Valence. Revenu à Ourous en 1924, il poursuivit ses travaux : traduction des quatre évangiles, un essai de grammaire coniagui et des études sur les coutumes du pays en cette langue coniagui. Epuisé, il dut revenir en France en 1927, où il mourut àLangonnet le 13 novembre 1928, à 36 ans, lui aussi.

- Soixante cinq ans plus tard,le 20 décembre 1993, un prêtre Coniagui nous donne les renseignements suivants . "La mission d'Ourous a vu l'ordination de 7 prêtres : un Peul, un Bassari, et 5 Coniaguis, dont l'archevêque de Conakry, Mgr Robert Sarah. Un Coniagui est actuellement au grand séminaire. Tous sont vivants et tous du clergé séculier. - Les Petites Sœurs de Notre-Dame du Guinée (fondées en 1921 par Mgr Lerouge) comptent 5 religieuses originaires de la mission d'Ourous : une Bassari, une Badiar et trois Coniaguies. Parmi elles, on trouve une enseignante, une infirmière, une licenciée en théologie biblique et une docteur en médecine. Deux jeunes Coniaguies les suivent au noviciat. La région compte environ 5.000 chrétiens."

Ce sont sans doute des faits semblables qui ont poussé le Pape à écrire dans la conclusion de son Encyclique sur la Mission en 1990 : " Je vois se lever l'aube d'une nouvelle ère missionnaire, qui deviendra un jour radieux et riche de fruits, si tous les chrétiens, et en particulier les missionnaires et les jeunes Eglises, répondent avec générosité et sainteté aux appels et aux défis de notre temps."

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