Le Frère Adolphe Orselli,
1836-1902.


Le bon frère Adolphe Orselli était né à Saint-Denis de la Réunion, le 1 Juin 1836. Sa mère, excellente chrétienne, l'avait confié tout jeune encore, à14 ans, ai, R.P Collin, alors supérieur de la communauté de la Rivière-desPluies a Bourbon. Voyant ses bonnes et pieuses dispositions, le Père l'emmena en France avec lui et le fit entrer comme postulant à Notre-Dainedu-Gard, le 8 septembre 1853.

Admis à la profession le 15 octobre 1854, le F. Adolphe fut employé comme aide-cuisinier à la communauté de Gourin (Morbihan), sous la direction du F. Fulgence. Deux ans après, on l'envoya au séminaire français à Rome, où il resta 15 ans, de 1856 à 1871, et enfin, on le rappela à la maison mère, àParis, où il a travaillé au fourneau pendant 26 années consécutives.

Durant les 48 ans qu'il a passés dans la Congrégation, ce bon Frère a rempli avec dévouement jusqu'à la fin ce pénible emploi ; et grâce à ses aptitudes, à son zèle, et à son intelligente activité, il a rendu, on peut le dire, Irs plus précieux services. Excellent cuisinier, il était, comme le dit le R.P. -Le Floch, dans les notes envoyées après sa mort, " ennemi de cette déplorable routine qui gâte à la fois les sauces et les estomacs. Il s'ingéniait au contraire à varier, autant que possible, les menus et les apprêts, de manière à fournir une nourriture toujours saine et toujours propre au contentement de tous et surtout au grand profit des santés. "

Et en cela il était guidé par un grand esprit de foi et le sentiment de sa responsabilité. Il servait tout le monde avec une bonne humeur et une bonne grâce inaltérables, malgré le surcroît des services qu'on avait parfois à lui demander ; mais les malades, surtout, étaient l'objet de ses soins les plus attentifs et les plus délicats.

D'un grande piété, il aimait, dans son temps libre, à préparer des guirlandes et des fleurs pour la chapelle et surtout pour les processions de la FêteDieu. Fidèle observateur de la règle, il avait, en outre, un fond de bonté, de gaieté et de simplicité qui le faisait aimer de tous. Les anciens élèves du séminaire français qui passaient à la maison mère ne manquaient jamais d'aller serrer affectueusement la main du bon et cher Frère, qui se montrait lui-même très heureux de les recevoir.

Fatigué enfin par son long et pénible travail, on l'envoya, en septembre 1897, à la maison de Grignon, où il s'est encore dévoué tant qu'il a pu, à la cuisine du noviciat.

Le F. Adolphe, nous écrit le P- Hubert, était vraiment tout à la congrégation, qu'il aimait tendrement comme une mère. Il se plaisait particulièrement à relire le Directoire des Frères par notre Vénérable Père, ajouté à la fin de leur Manuel de règle, et il s'efforçait de la prendre comme ligne de conduite. C'est ce qui lui a valu d'être toujours abandonné au bon plaisir de ses supérieurs, toujours aimable et serviable à tous.

Il avait un culte particulier pour la Sainte-Vierge. Son premier soin, en prenant la cuisine de Grignon, avait été d'y mettre son image à une place d'honneur, et avec quels soins jaloux il ornait lui-même, surtout aux fêtes, le petit autel qu'il lui avait dressé ! La bonne Mère l'a payé de retour, en exauçant la prière qu'il lui adressait d'être appelé à Dieu sous ses auspices et celles du Sacré-Cœur. Sa consolation aussi était de penser qu'il reposerait à côté de ses confrères au Saint-Ccr-ur de Marie de Chevilly.

C'est pour cela que, ne pouvant plus rendre aucun service à Grignon, par suite d'une maladie de cœur, aggravée par une forte bronchite, il avait été envoyé, selon son désir, à Chevilly, pour s'y préparer paisiblement au suprême passage. Administré, à sa demande, la veille de la Pencôte, le samedi 17 mai, il a reçu les derniers sacrements avec une grande foi et en pleine connaissance.

Il a beaucoup souffert, surtout dans les dernières semaines. Et cependant, incapable de rester inactif, il employait encore ses derniers moments àtresser des couronnes pour la Fête-Dieu. Il s'est éteint doucement le dernier jour du mois de Marie, le samedi 31 mai, vers huit heures du soir. Plusieurs pères et frères de la maison mère ont tenu à aller prendre part le lendemain à ses funérailles ; à leur tête étaient les Pères Grizard et Barillec. La messe fut célébrée par le Père Le Floch et la levée du corps ainsi que l'enterrement faits par le Père premier assistant.
(Notice du Bulletin général, 1902, p. 605)

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