Le Fr. DAMIEN Péchinat Charles,
de la Province de France, décédé à Port-au-Prince, le 26 juillet 1957,
a l'âge de 53 ans, après 31 années de profession.


Le Fr. Damien, de son nom de famille Jean-Baptiste Charles (Péchinat ?), naquit le 14 mars 1904, à l'Arcahaye, au diocèse de Port-au-Prince, en Haïti.

Il vint en France pour devenir Frère de la Congrégation du Saint-Esprit, et c'est à Chevilly qu'il fit profession, le septembre 1925. Le 1er octobre suivant, il s'embarquait à Saint-Nazaire à destination de la Guyane française. Neuf ans plus tard, il devait revenir en France pour y subir une opération, et c'est ainsi que la Providence le ramenait à Chevilly pour l'émission de ses vœux perpétuels, le 9 septembre 1934. Le 10 avril suivant, il repart de Saint-Nazaire pour la Guyane. Mais il ne devait plus rester qu'une année dans cette colonie. A la fin de 1935, nous le retrou­vons, en effet, employé dans le district de la Martinique, où il servit long­temps à l'OEuvre de la Tracée et au Patronage, à l'Evêché.

Bien des Martiniquais ont gardé un sympathique souvenir de ce re­ligieux pieux, dévoué, de sa gaîté aussi qu'il traduisait volontiers par des éclats de rire d'autant plus bruyants que le bon Frère était d'une surdité à peu près totale.

« Le Fr. Damien a vécu sans beaucoup d’histoires, nous écrit le Rév. Père Delawàrde qui l'avait bien connu. Il passait habituellement et vo­lontiers inaperçu sachant se garer sur le côté du chemin pour ne pas gêner la circulation, Il était humble.... Pourtant, malgré lui, il s'imposait à l'attention sur un rayon assez large, par son rire spontané, sonore et pro­longé, rire d'enfant qui résonnait comme, son âme simple et pure. On s’apercevait alors de sa présence, et il s'excusait de s'être ainsi manifesté. On ne pouvait, alors et toujours, lui refuser la sympathie.

« Il faut ajouter qu'il était intelligent sou s ses apparences un peu lourdes. Il savait observer et juger finement. Un ridicule ne lui échappait pas. Mais il avait aussi la charité de ne pas abuser de ce sens, sinon peut­ être pour rire assez fort et sans malice.

« Son âme était belle. Son souci constant, au travail comme ailleurs, était celui de la prière en relation avec les divines Personnes de la Très Sainte Trinité et avec la Ste Vierge.

« Cette vie surnaturelle cachée, cet accueil de grâces beaucoup plus hautes qu'on aurait pensé à, le juger de l'extérieur, était entretenue par une humiliation constante. Il était lent et embarrassé dans son travail et ne recevait pas de compliments à ce sujet et sentait même parfois qu'il était encombrant. Il se tournait alors vers la seule issue qui lui restait ici­ bas, le ciel. Peinant, soufflant pour peu de chose, ne sachant pas organiser sa tâche terrestre, son âme s'épanouissait et se mouvait avec aisance dans l'au-delà invisible. Il a beaucoup reçu dans ce domaine caché.

Je n'ai pas connu ses dernières années, dit en terminant le Rév. Père Delawarde, mais ses lettres manifestaient qu1l n'avait pas changé dans le fond de son cœur d'enfant comblé par l’amour de Dieu. »

Après son séjour à la Martinique, le Fr. Damien était en effet revenu à Port-au-Prince, son pays d’origine, C'est là qu'il mourut, le 26juillet dernier.

Ses obsèques furent honorées de la présence de Mgr l'Archevêque de Port-au-Prince et de son auxiliaire, Mgr Augustin ;de nombreux prêtres, religieux, religieuses, parents et amis, assistèrent à la cérémonie, entou­rant la mère du défunt, âgée de 87 ans. Le Fr. Damien repose dans le ci­metière de Port-au-Prince avec quelque 150 confrères de sa Congrégation.

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