Le Père Jean-Marie PELLERIN,
1842-1908


Le P. Pellerin naquit le 28 décembre 1842 à Saint-Péran. Il entra dans la congrégation du Saint-Esprit le 14 octobre 1857 au petit séminaire de Gourin, fut ordonné prêtre le 28 décembre 1865 en l'église de Saint­SulPice à Paris, par Mgr Amenton, dominicain, et fit sa profession àChevilly, près de Paris, le 26 août 1866.

De 1866 à 1883, il dirigea à Langonnet les jeunes gens qui se destinaient àla vie religieuse chez les spiritains. Il s'acquitta avec le plus grand zèle de cette tâche délicate. En septembre 1883, il fut nommé supérieur du collège de Merville, dans le Nord. Il occupa ce poste jusqu'en août 1886, pour revenir à Langonnet comme professeur de rhétorique.

Ce fut le 22 octobre 1890 qu'il arriva à Maurice, dans l'Océan Indien, où il desservit la paroisse de Ste-Croix. Ce qu'il a fait dans cette localité si pauvre, si dénuée de ressources, est l'exemple le plus frappant de ce que peut l'énergie d'un homme, soutenue par la grâce de Dieu. L'église qui lui était confiée était inachevée et réclamait d'urgentes et coûteuses réparations. Non seulement il en fit le bel édifice que l'on admire depuis lors, mais il ne négligea rien pour son ornementation intérieure : fit construire de nouveaux autels, ajouta des statues, des tableaux et un catéchisme en images. Le couvent et l'école durent être reconstruits, le presbytère fut réparé et agrandi, tous les alentours furent drainés avec soin de manière à assainir un endroit réputé inhabitable. Une grosse entreprise, ce fut aussi la création de l'avenue de Ste-Croix. Pour acheter les terrains, opérer les nivellements, il aurait fallu beaucoup d'argent ; mais le Père sut réussir avec peu, à force de patience et d'ingénieuse économie.

Près de la tombe du Père Laval, décédé en 1864, quelques frères des Écoles chrétiennes avaient été inhumés. L'infatigable curé fit entourer leur sépulture, sans songer probablement qu'il trouverait là le lieu du suprême repos. Il ne faudrait pas croire que, en s'occupant de ces choses extérieures, le P. Pellerin négligeait le côté spirituel dans son ministère. Un de ses confrères, bien placé pour le connaître, nous disait : " Dieu seul a connu son amour pour les âmes et tous les sacrifices qu'il s'est imposés pour les conduire au Ciel ! " D'un protestant nous vient ce témoignage sincère : " C'était un saint homme ! " Sachant tout mener de front, le P. Pellerin avait conservé de la première partie de sa carrière des habitudes de culture intellectuelle. Il lisait beaucoup. Tout en surveillant les travaux, en se rendant au chevet des malades ou en attendant les pénitents, il avait un livre à la main.

Ce rare ensemble de qualités l'avait désigné pour remplacer le P. Ditner comme supérieur lorsque celui-ci partit en congé. Mais il avait accepté cette responsabilité avec regret et fut heureux d'en être déchargé. Ste­Croix suffisait à son ambition... et le Ciel.

En vrai soldat du Christ, il voulut combattre jusqu'à la fin et mourir à son poste. Il vit venir la mort, comme il avait supporté les souffrances d'un mal pénible, avec courage et résignation, et sa fin fut édifiante comme l'avait été sa belle carrière sacerdotale. Il s'éteignit doucement, dans les sentiments de la plus touchante piété, le 27 janvier 1908. Il avait 65 ans. Les pèlerins qui se rendent au tombeau du Père Laval voudront aussi demander des prières à son digne émule.

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