Le Père Julien PÉRÈS,
décédé à Chevilly, le 3 avril 1905,
à l’âge de 28 ans.


Né à Vannes, sur la paroisse de Saint-Patern, le 25 août 1876, Julien Pérès nous était arrivé, comme postulant, du petit séminaire de Sainte-Anne, à la fin de 1895, dans le désir de se vouer aux missions des Noirs. Ordonné prêtre à Chevilly le 28 octobre 1900, il fit, l’année suivante, sa consécration à l’apostolat et partit aussitôt pour le Congo français. Il fut placé d’abord dans une station nouvelle que l’on venait de commencer dans l’intérieur, à Boudianga, sous le patronage de Notre-Dame des Victoires ; puis, par suite des besoins du personnel, on l’envoya quelque temps après dans une autre station plus éloignée, à Bouanza, sur les rives du Niari, entre Loango et Brazzaville. Le cher père y travailla avec zèle, comme il l’avait fait précédemment, à l’évangélisation des indigènes ; mais, au mois de juin 1904, il fut pris de fièvres assez graves, accompagnées de douleurs au foie ; et, comme la maladie se prolongeait, on le fit transporter à Brazzaville, pour y voir le médecin. C’était une distance de sept jours de marche à franchir à travers monts et vallées, coupées souvent par des cours d’eau plus ou moins profonds. Le pauvre malade avait bien des porteurs, mais, comme il l’a raconté lui-même, il était très souvent obligé, eu égard aux difficultés de la route, d’en faire à pied une grande partie.

Cependant à force d’énergie, il put arriver à Brazzaville, où il reçut tous les soins que réclamait son état. Là, un mois s’était à peine écoulé que l’abcès qu’il avait au foie s’ouvrit du côté des poumons.

On s’empressa alors de l’envoyer en France, où il arriva vers la mi-février. On espéra d’abord que cet abcès finirait par se vider et se cicatriser, comme on l’a vu en d’autres cas de ce genre. Mais la guérison s’éloignait toujours ; et comme le bon père allait s’affaiblissant de plus en plus, on le fit transporter samedi dernier dans notre maison de Chevilly, près de Paris. Rien toutefois ne faisait prévoir une fin prochaine. Le cher malade était heureux de se retrouver dans cette maison, où il avait été formé à la vie religieuse et apostolique. Il paraissait même ensuite se trouver un peu mieux ; et voilà qu’une lettre du R. P. Prono, supérieur de la communauté, nous annonce que le P. Pérès a succombé hier vers deux heures de l’après-midi. Voyant qu’il avait la poitrine très oppressée, parce qu’il ne pouvait plus expectorer, on se hâta de lui donner l’extrême-onction avec l’indulgence de la bonne mort ; et, pendant qu’on lui suggérait de pieuses aspirations, il rendit le dernier soupir. -
BG, t. 23, p. 203

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