Le Père Alfred PETER
Décédé à Saverne le 8 décembre 2010, âgé de 86 ans.
Né : 27/3/24, Geudertheim. Profès : 13/11/45, Cellule. Prêtre : 01/10/50, Chevilly.
AFFECTATIONS
GABON : Makokou (51-55) ; Mekambo (55-80). FRANCE : Strasbourg(73-74, recyclage). GABON : Makokou (80-97) ; Kango (97-99) ; Essassa (99-2000). FRANCE : Wolxheim (2000-2010).

J’ai rencontré le Père Alfred Peter pour la première fois en octobre 1972. Il était alors à Mekambo. Ce qui m’a frappé d’abord chez lui : c’était un homme ordonné. Il suffisait de voir sa chambre, le salon, la concession de la mission : tout était propre et rangé. Et sa voiture, en bon état de marche, bien qu’il ne fût pas vraiment mécanicien!
C’était un homme prévoyant : réserve de nourriture, (sans oublier le whisky !) Il comptait aussi sur le colis de "spack" qu’il recevait régulièrement d’Alsace. Comment imaginer un petit déjeuner sans une tranche de lard qu’il découpait avec un couteau bien aiguisé ! Il fallait aussi penser à la réserve de carburant pour la voiture, la caisse à outils, le magasin avec toutes sortes de pièces détachées, boulons, pointes, fil de fer, ficelle : ce n’était pas du bric-à-brac! Il savait toujours retrouver la bricole indispensable dont on a besoin lorsqu’on est au fond de la brousse.
Homme timide, cela se voyait spécialement dans ses sermons : il mettait toujours les commentaires par écrit ! Il avait peur de l’improvisation ! Avec le temps il a pu se constituer un fichier avec tous les sermons des dimanches des trois années : ses sermons étaient bien travaillés, juste ce qu’il faut. Cela avait au moins un avantage : on n’avait pas le temps de zapper !
Un bon confrère aussi : je ne l’ai jamais vu se fâcher. Il aimait blaguer. Il était bon vivant, accueillant. Les gens n’avaient pas peur de lui. Il savait toujours les reprendre avec une parole teintée d’humour. Les registres et les cahiers de tournée de brousse étaient bien tenus.
Le dimanche matin, très tôt, on le voyait à l’église pour les confessions. Aujourd’hui, si les Bakota se confessent encore beaucoup, c’est bien grâce à lui.
Il avait la mémoire des noms. Il connaissait tout le monde, les vivants et les morts. Les gens étaient toujours émerveillés lorsque le Père Peter leur rappelait les noms de leurs parents et même de leurs grands parents !
46 ans dans l’Ogooué-Ivindo, cela fait un bail. Il nous manque. Je me rappellerai toujours la conclusion de son dernier sermon à la paroisse Notre-Dame des Victoires de Makokou, en 1997. Il disait avec une voix émue : "pour cette terre je vous dis "Adieu" ; pour le Ciel je vous dis "Au revoir !" ". Il savait qu’il ne reverrait plus Makokou.
Mgr Joseph Koerber
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