Le Père René PIACENTINI,
1882-1968


Né à Vannes le 3 août 1882, de son père Eugène exerçant la profession de statuaire, et d’une mère, Marie Guégan, bretonne à la foi proverbiale, René Piacentini hérita d’une foi profonde et d’un caractère optimiste indélébile. Recruté par le diocèse de Poitiers recherchant des vocations hors frontières, il fit ses études secondaires à l’école apostolique des Pères Jésuites. C’est là qu’il entendit le Père Moreau parler de sa mission de la Sainte-Famille en Oubangui-Chari, et qu’il se décida à le suivre, en Afrique avec les Spiritains.

Mais en 1909, l’obédience, caressée avec tant d’espoir, débouche sur une classe de septième, au collège haïtien de Port-au-Prince. Va-t-il être déçu ? Non pas : sa nature " délicate et artiste, bien ouverte aux idées de la foi " réagira d’autant mieux qu’il va se trouver sous un supérieur sur mesure, le Père Cabon. Six ans durant, le jeune Père va vivre et travailler sous sa régence bienveillante, mais attentive, et il lui devra beaucoup ; de là naîtra une amitié qui ne se démentira plus jusqu’à la mort du P. Cabon, et c’est encore le Père " Pia " qui lui rendra hommage en 1961.

D’Haïti, la guerre de 1914 le ramena en France, où il fit toute la guerre comme infirmier. Nous n’en savons pas plus sur ce sujet, sinon que les balles l’épargnèrent, et que nous le retrouvons en 1919 à Cellule, préfet des études, professeur de seconde et directeur du chant. Le P. Piacentini enseigna jusqu’à la soixantaine passée, à Cellule, Allex et St-Ilan. Sa classe de prédilection était la seconde. Avec lui l’explication de Racine, de Molière, ou de la marquise de Sévigné, devenait une fête, d’autant plus que maître il avait un sens aigu du théâtre : il vivait vraiment dans la peau de ses personnages et sa belle voix de ténor faisait valoir les alexandrins. Avec lui, la classe de seconde apparaissait comme une oasis entre la première et la troisième, animées par des professeurs plus draconiens pour les devoirs et les leçons. Mais il éveillait le sens du beau et aiguisait l’appétit de lire, complétant ainsi les qualités de l’équipe fraternelle dont il faisait partie. De plus, boute-en-train à table et en récréation, il prodiguait le calembour et ne dédaignait pas le canular. Il faisait bon vivre avec lui.

Professeur, le P. Piacentini était aussi conférencier et écrivain. Il présida de nombreuses retraites chez ses confrères et chez des religieuses. Parmi les écrits qu’il nous a laissés, rappelons ses biographies : celles du P. Bonnefont, du P. Mell, du P. Yves Pichon, du Père Delaplace, du Père Laval " Le Pierre-Claver de l’île Maurice ", et " La belle histoire de Pierre Nédellec ". A ces biographies, il faut ajouter deux livres consacrés à l’histoire de congrégations de religieuses . l’histoire des Sœurs de Kermaria, et l’histoire des Augustines de Malestroit.

Ses vingt dernières années furent consacrées aux Orphelins d’Auteuil, sous la direction du Père Marc Duval. Il fut souvent le rédacteur principal de leur revue " Le Courrier des Orphelins d’Auteuil ". C’est chez eux qu’il fêta ses cinquante ans de sacerdoce.

Le P. Piacentini est mort à 85 ans, à Chevilly, d’un cancer très douloureux, qu’il supporta avec une patience exemplaire.

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