Le chrétien qui est saisi par le Christ ne se fie pas à
l’opinion des hommes. Ce qui compte pour lui, c’est de connaître Jésus Christ
comme son Seigneur, comme son maître. C’est de cette manière qu’il deviendra un
homme juste devant Dieu. C’est tout cet itinéraire vers la sainteté que le Père
Michel PICARD a essayé de parcourir à la suite du Christ en divers lieux : le
Congo Brazzaville, le séminaire français à Rome et en divers coins de
France.
Le P. PICARD a été mon supérieur à Mortain lorsque nous faisions le
cycle de philosophie, avec quelques autres confrères de Suisse. Un homme droit
et juste qui savait mener notre groupe de scolastiques. En tant que formateur et
supérieur de maison de formation, il a guidé les plus jeunes de ses frères sur
le chemin à la suite du Christ pour qu’eux-mêmes, ayant été saisis par le
Christ, puissent s’engager à poursuivre leur course jusqu’au bout. Michel est
arrivé à la fin de sa course au milieu de l’épreuve de la maladie.
Le texte
de l’évangile de St Jean qu’il a choisi lui-même nous parle de Jésus:
« Je
suis la vigne et vous êtes les sarments. » Toute la sève vient de moi et
passe en vous. Image de la vie qui peut se déployer chez celui ou celle qui
demeure enraciné en Jésus. Remarquez combien de fois apparaît le verbe
« demeurer ». Il faut que la parole de Jésus demeure en nous pour que nous
puissions demeurer dans l'amour du Père. Mais cela va même plus loin, ce sont
Jésus et son Père qui viennent établir leur demeure en nous.
« Je suis
avec toi », voici une petite phrase que nous retrouvons souvent dans la
Bible depuis les prophètes jusqu’à St Paul. Oui le Seigneur est tout proche de
celui qui annonce sa parole et lui accorde la grâce pour que la parole qu’il
annonce soit féconde, porte du fruit.
Voilà une belle occasion pour rendre
au grâce au Seigneur de se faire si proche de nous en nous confiant son Esprit
Saint qui peut alors rayonner en nous et autour de nous. Michel a durant de
longues années animé l’archiconfrérie du Saint Esprit et la revue « Esprit
Saint ».
Cet Esprit nous invite sans cesse à franchir les barrières ou les
frontières qui séparent les hommes et à annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus
Christ. C’est cet Esprit qui nous inspire le geste d’amour envers chaque frère
ou chaque sœur qui souffre. Voici ce que le Père Michel écrivait en commentant
la phrase
« J’étais malade et vous m’avez visité » :
« La souffrance ? Un
grand mystère pour l’homme… On parle d’elle lorsqu’elle n’est pas là… Quand elle
nous étreint et nous entame en profondeur, que ce soit le corps ou l’esprit,
nous perdons toute distance vis-à-vis d’elle, elle nous submerge. Fini le
discours : l’homme que j’étais, capable de juger et de philosopher, a
sombré.
Reste l’interrogation: pourquoi ? Vous qui lisez ces lignes et moi
qui les écris, qui serons-nous demain, que serons-nous devenus lorsque le mal ou
le grand âge nous auront peut-être faits tout autre que ce que nous étions? Nous
ne pouvons répondre.
Mais ce qui est certain, c’est que nous chercherons une
main fraternelle, un cœur compatissant… Et nous guetterons avec espérance ou
inquiétude le regard du soignant ou de l’ami venu nous visiter. Mais en
attendant d’être le grand blessé sur le bord du chemin, sommes-nous le Bon
Samaritain qui se penche sur lui ? »
Ces quelques lignes écrites en 1992
nous invitent ainsi à demander la grâce de la paix.
« Comme le Père m’a aimé,
moi aussi je vous ai aimés, demeurez dans mon amour. »
P. Emmanuel Meaudre
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