Le Frère Marie-Jérôme PICHON,
1855-1936


Jérôme Pichon, plus tard Frère Marie-Jerôme, naquit à Locuon en Ploërdut à 3 lieues de l'Abbaye de Langonnet, le 12 juillet 1855.

En 1855, la congrégation faisait déjà depuis deux ans des démarches pour obtenir la propriété des bâtiments des anciens moines cisterciens et de leur immeuble, forêt. prairies et champs, alors occupés par le haras départemental. En 1856, l'affaire fut conclue ; les premières bases d'une colonie pénitentiaire furent jetées sur la colline, dite aujourd'hui de Saint-Michel, et deux ans plus tard le petit scolasticat s'établissait dans le monastère. La vie religieuse, interrompue depuis 68 ans dans cette solitude, attirait à nouveau les gens des environs. On y vint pour la messe, pour les beaux offices ; on y vint aussi, comme autrefois, pour se consacrer à Dieu. Tel fut le cas de Jerôme Pichon.

Il est probable qu'à Ploërdut il ne suivit pas régulièrement l'école mais à l'âge de 12 ans il fut emmené par une tante à Lorient, où il fréquenta une année entière les classes primaires ; puis, revenu à la maison paternelle, il apprit près de son père le métier de tailleur, et au bout d'un an s'en vint à l'Abbaye se faire admettre comme petit postulant-frère : c'était le 8 septembre 1869 ; il avait 14 ans. Cette date du 8 septembre lui resta particulièrement chère ; elle lui rappelait sa première donation à Dieu, donation qu'il regarda dès lors comme irrévocable.

A 15 ans, on l'admit au grand postulat, et à 17 ans, on ne fit pas de difficulté à l'admettre à la profession religieuse le 30 mai 1872.

Il sera toute sa vie tailleur et chargé de l'accueil à la porterie. D'abord à Langonnet, de 1872 à 1883, puis dix ans à Chevilly et dix autres années au collège d'EpinaL Il revint alors en Bretagne, à son ancien office, avec le prestige d'une maturité acquise au loin.

Aimable, prévenant, poli, accueillant, il était bien à sa place en ce vestibule de l'Abbaye. D'aucuns le trouvaient même distingué, et quand les visiteurs prolongeaient la conversation avec le vieux Frère, ils s'étonnaient parfois d'avoir trouvé en ce désert quelqu'un avec qui parler.

Après deux ans de maladie, il rendit son âme à Dieu le 20 janvier 1929. Il avait 72 ans. M. le Recteur de Saint-Tugdual, qui le tenait parmi ses amis, tint à l'honorer en venant chanter la messe d'enterrement, à laquelle assistèrent les membres de sa famille.

Page précédente