Le Père Pierre PICHON,
1890-1968


Né à Brest le 7 juillet 1890, Pierre Pichon fut élève du collège de Lesneven et entra directement au noviciat de Chevilly. Il y fit profession le 3 octobre 1909 et suivit le cours de philosophie. Il accomplit son service militaire de 1911 à 1913, revint à Chevilly pour sa seconde année de théologie, et fut mobilisé pour les cinq années de guerre de 1914 à 1919. Ordonné prêtre le 25 avril 1920. Le Père Berthet le caractérisait ainsi : "Très bon caractère. Nature franche mais exubérante. Finit son scolasticat de la meilleure façon à tous points de vue. Laisse d'unanimes regrets et autorise de solides espoirs."

Le P. Pierre Pichon arriva au Cameroun en 1920. Il fut d'abord placé à Yaoundé, puis affecté à Minlaba, importante mission du Sud Cameroun, fondée par les Pères Pallotins allemands. C'était l'époque où - selon une expression chère au P. Pichon - l'Esprit de Dieu soufflait en tornade. Le Père connut des journées épuisantes de 10 à 12 heures de confessionnal, des longues files de catéchumènes à baptiser, et des palabres incessants pour défendre les opprimés : femmes soumises à l'esclavage de la polygamie, et travailleurs de tout âge et sexe emmenés brutalement vers des chantiers lointains.

Lorsque plus tard le P. Pichon entendait des rêveurs en missiologie reprocher aux missionnaires de cette période héroïque de n'avoir pas su faire du "social", il leur répondait âprement : "On ne se gargarisait pas de mots, mais on implantait la Foi, et nous faisions _uvre de libération humaine. Et cela nous coûtait cher !..." Ce fut si vrai qu'en 1935, lorsque peu à peu des mesures plus libérales intervinrent de la part de l'Administration, le P. Pichon fut prié, en contrepartie, de quitter le Cameroun. On ne l'expulsa pas, mais on l'exila... Exil doré à l'île Maurice d'abord, puis à la Réunion, que le Père Pichon apprécia peu à peu. C'est à Maurice surtout qu'il s'attacha, et qu'il se fit une pléiade d'amis. A la Réunion, le souvenir de "Tonton Pierre" est également resté vivace.

En 1949, il obtint de revenir à Yaoundé. Dès lors, ce fut un apostolat très varié : aumôneries de collèges, retraites, animation spirituelle du Séminaire de Mvolyé ou de différentes communautés... Que d'articles de journaux ou de revues pour défendre les missions et pourfendre les contrefaçons doctrinales ou liturgiques. (Combien le P. Pichon a regretté ces Messes en grégorien, chantées par des foules qui les connaissaient par c_ur !) Il assumait la direction du journal en langue Ewondo "NleIl Bekristen," et s'intéressait à tout ce qui concernait l'enseignement et la pro motion scolaire...

Puis vint le temps de l'indépendance du Cameroun, et de la fatigue de l'âge. Le P. Pichon demanda en 1961 à retourner à Maurice. Il voulait y mourir près du tombeau du Père Laval. On le fit néanmoins rentrer en France pour sa santé. Et ce fut Grasse, et ce fut Chevilly. Il y est décédé le 29 février 1968, à l'âge de 77 ans, après 58 ans de profession religieuse. Comme son frère cadet François, le P. Pierre Pichon fut l'un des missionnaires de valeur du Cameroun. Et le Cameroun ne l'oublie pas

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