Le Père Cyprien POMMEPUY,
1836-1879


Le P. Pommepuy naquit à Orgnac-sur-Vézère, dans le diocèse de Tulle, le 9 mai 1836. Il se sentit de bonne heure appelé au sacerdoce. Il entra au petit séminaire de Servières, sous la direction de l'abbé Vergnolles. Dans cette sainte maison, il se fit remarquer par sa piété, aussi fut-il choisi pour faire partie du conseil de la congrégation de la Sainte-Vierge, formée parmi les élèves.

Admis à Paris au Séminaire des Colonies, le jeune séminariste sentit bientôt s'éveiller dans son âme des aspirations vers la vie religieuse et les missions lointaines. Dès le commencement de 1861, il demanda avec insistance à entrer dans la congrégation du Saint-Esprit. Prêtre le 17 janvier 1864, il fit sa profession religieuse le 28 août de la même année. Il reçut alors son obédience pour la Guyane française.

Il eut à exercer son zèle apostolique à Cayenne, à Remire, à Tonnégrande et à Mana. Souvent aussi il fut envoyé dans les divers quartiers où les prêtres étaient à remplacer, pour cause d'absence ou de maladie. Partout il fit beaucoup de bien. Son caractère très doux et ses manières avenantes lui conciliaient les sympathies des populations qu'il évangélisait.

Pendant une épidémie de variole, qui sévissait dans une localité, près de la rivière d'Oyapoc, il fut vraiment d'un dévouement admirable. La population, décimée par l'épidémie, réclamait un prêtre avec instance. Or dans ce village, situé à 40 ou 50 lieues de Cayenne, il n'y avait ni chapelle ni maison tant soit peu confortable. Comme le P. Pommepuy avait eu précédemment la maladie, ce qui le rendait moins accessible à de nouvelles atteintes, on lui proposa de se rendre dans cette localité. Aussitôt il accepta avec plaisir. Il partit, le cœur joyeux, sur une frêle embarcation. A quelques jours de là, comme on le croyait déjà assez éloigné, on fut tout étonné de l'apercevoir à une faible distance ; il avait eu à lutter contre les vents contraires qui l'avaient fait ainsi reculer. Enfin arrivé à sa destination, il s'empressa d'administrer les mourants. Et ceux qui ont survécu lui ont toujours gardé la plus grande reconnaissance.

Durant les 15 années qu'il passa en mission, il revint une fois en France, en 1870, pour cause de maladie. Il profita de son séjour dans sa famille pour engager l'une de ses sœurs vers la vie religieuse. Peu de temps après, il fut envoyé à la Martinique, d'où il retourna à la Guyane : c'était sa mission de prédilection.

Il fut alors employé au collège de Cayenne, où il fit la classe pendant plusieurs années. Il était chargé en même temps de la confession des enfants de l'école primaire, et il aidait ses confrères, autant qu'il lui était possible, dans les travaux du ministère. Malgré l'état précaire de sa santé, il remplissait avec une grande exactitude les fonctions qui lui étaient confiées. Toujours plein de courage, il ne se plaignait jamais de ses occupations.

Cependant depuis le mois de mai 1879, les forces l'abandonnaient de jour en jour. Il dut être conduit à l'hôpital. Son corps était en partie paralysé. Bientôt les médecins s'aperçurent que d'énormes abcès s'étaient formés par tout son corps. Le P. Pommepuy, dont la vie avait été simple et sans bruit, ne se plaignait jamais. Les médecins, comme la population, étaient profondément touchés de son héroïque et inaltérable patience. Il prononça ses vœux perpétuels le 10 juin et se remit avec paix et confiance entre les mains et la miséricorde de Dieu, le 16 juin 1879. Il avait 43 ans.

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