Le Père Charles PRIEM,
1880-1919


Le P. Charles Priem naquit le 8 septembre 1880 à Erquinghemlys, d'une excellente et très chrétienne famille de petits commerçants. Il s'orienta de bonne heure vers l'apostolat, entra aux Missions Étrangères, d'où il passa au Séminaire St-Jacques d'Haïti et fut attaché au diocèse de Cap-Haïtien. Il y resta cinq ans, aimé et apprécié de son évêque, mais se sentant mal à sa place.

Déjà en relations avec nos Pères de Port-au-Prince, il retrouva le P. Lequien au cours d'un congé en France, et celui-ci le présenta au P. Genoud, maître des novices à Chevilly, dans une lettre d'avril 1911... " Ce jeune prêtre n'a guère plus de 30 ans. Il est intelligent, actif, entreprenant, fort gai, bon prédicateur et bon musicien. C'est une nature exubérante, très sensible, très ouverte, ayant besoin d'affection. En somme, grandes qualités, avec aussi, sans doute, quelques défauts qu'il ne vous cachera pas. Je le crois un peu inconstant, porté aux extrêmes, facilement enthousiaste et facilement décourage, un peu "militaire" en ses manières et en son langage. "

Le portrait était juste. Après une bonne année de noviciat, le Père Charles Priem fut envoyé à Madagascar et travailla avec le Père Gasperment à organiser la nouvelle mission des Antsianaka. " Après onze mois, écrivait-il, nous comptons déjà six postes autorisés, dont trois principaux : Ambatondrazaka, Imerimandroso et Andilamena. Beaucoup de nos gens sont baptisés, plusieurs ont fait la communion, mais peu d'unions légitimes. Notre arrivée a donné à tout ce monde une impulsion vers une vie meilleure, et déjà nos voisins protestants commencent à larguer l'étrier d'un pied. "

Le P. Priem fut ensuite chargé de la résidence de Fénérive. Mais, comme il le constatait lui-même, il était moins fait pour diriger que pour être dirigé. Sur ces entrefaites, la guerre de 1914 éclata, et avec elle l'invasion du Nord de la France. Ce fut alors pour le cher Père de mortelles inquiétudes : qu'était devenue sa famille ? son vieux père ? ses parents ? - De fait, tout ce cher monde avait été obligé de fuir sans pouvoir rien emporter, la maison familiale était en ruines, la vie était devenue précaire...

Dès qu'il fut possible, le P. Priem fut autorisé à rentrer en France. Il s'embarqua à Diégo-Suarez à bord du vapeur de commerce Madonna, et nous l'attendions de jour en jour à Paris, lorsque, le 19 juin 1919, sa sœur nous écrivit que le cher Père était mort en mer, le ler mai, d'un accès de fièvre pernicieuse. Un avis du capitaine en informait officiellement la famille. Abandonné à l'océan ou confié à la terre, le corps du missionnaire est tombé au service de Dieu et il attend avec confiance la résurrection bienheureuse !

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