Le Père Pierre Marie RéMONT,
1859-1898


En demandant son admission à la profession religieuse, le Père Rémont fit lui-même le récit de ses premières années :

" Né le 28 mai 1859 à Meslan, j'étais à l'école chez mon frère, instituteur à Berné, quand le recteur de cette paroisse, M. Louis Bouché, eut la bonté de me présenter à Langonnet, à l'âge de 12 ans. J'avais déjà perdu ma mère, et peu après je perdis aussi mon père et mon frère ; je devenais ainsi entièrement l'enfant de la congrégation. J'avais d'abord été placé au petit postulat des Frères ; on crut voir en moi quelques dispositions pour l'étude, et le 13 avril 1872, le R.P. Xavier Libermann me fit passer au scolasticat. Admis au saint habit en 1873, je poursuivis mes classes à Langonnet jusqu'en 1880, où l'on m'envoya terminer ma théologie à Rome.

Ordonné prêtre en la basilique de St-Jean de Latran, le 3 juin 1882, M. Rémont couronna ses études théologiques, en 1883, par le doctorat. Il fit sa profession religieuse le 24 août de l'année suivante.

Son désir d'apostolat dans les missions d'Afrique fut exaucé. Au mois d'octobre 1884, il part pour la Sénégambie et est chargé d'enseigner la philosophie et le dogme au séminaire de St-Joseph de Ngasobil. Deux ans plus tard, on l'envoie comme vicaire à Gorée, puis à Saint-Louis, où il fait élever à Sor la belle grotte de N.D. de Lourdes. Mais il aspirait surtout à évangéliser les gens de la brousse.

Appelé, en 1889, à diriger la station de Fadiouth, puis celle de Ndianda, il s'attache à gagner la jeunese. Chaque jour, au premier son de la cloche, il part avec un catéchiste pour réunir et instruire les enfants, puis il établit parmi les plus grands une confrérie du SacréCœur, qui produit des résultats consolants.

Abattu par les fièvres, il revient en France en janvier 1892, et après quelques mois employés en grande partie à travailler pour la mission par ses lettres et ses prédications, il repasse en Afrique, et il est chargé de la station de Carabane, en Casamance. La maladie l'oblige encore à rentrer en Europe en 1894 ; mais bientôt il repart avec un nouveau courage pour le pays qu'il avait à évangéliser. Dans une de ses excursions, il avait remarqué le beau village d'Elinkine, qu'habitent les Diolas ; il travaille à y élever une chapelle à Saint Yves. Un attrait de vocation l'attire vers ce peuple. Le reste de sa vie apostolique leur sera spécialement consacré. Il aimait les Noirs de tout son cœur, mais surtout ses chers Diolas. Il n'épargne pour leur salut ni travaux ni fatigues ; étude des langues, instructions et catéchismes, il met tout en œuvre jusqu'à se dépenser et se sacrifier lui-même. Envoyé au Sainte-Marie de Gambie au mois de juillet 1898, afin d'y remplacer le P. Amann pendant son séjour en France, il succombait, le jour même où celui-ci revenait.

Pendant les quelques mois qu'il avait passé à Bathurst, il s'était fait aimer de tous par son dévouement et sa charité, et en même temps fort apprécier par ses instructions en langue wolof, notamment en son dernier sermon de la Toussaint, où il parut avoir un pressentiment de sa mort prochaine. Il est décédé le 19 novembre 1890 à Bathurst. Il avait 39 ans.

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