Le Père Joseph ROBINO,
1881-1910


Joseph Robino et sa femme Marie-Anne Donnerh, boulangers à Grand-Champ, mirent au monde un fils le 3 janvier 1881. Un vicaire de sa paroisse lui donna les premières leçons de latin et le présenta au petit séminaire de Ste-Anne d'Auray. Pour lui, sa vocation missionnaire était déjà fort claire. Il entra au noviciat en 1900 et fit profession le 30 septembre 1901 à Grignon d'Orly. Après son service militaire d'un an, il se prépara à la prêtrise à Chevilly et fut ordonné le 28 octobre 1906.

L'année suivante, son obédience le destina aux missions du Nigeria. Le 18 septembre 1907 il s'embarqua à Liverpool et arriva à sa mission d'Onitsha le 18 octobre. Il y resta jusqu'à son retour en France en janvier 1909.

"Deux jours après mon arrivée, écrit-il à Mgr Le Roy, le Père supérieur me fit appeler et, m'assignant mes charges, m'attela à la charme. Elles sont multiples ces charges. A l'intérieur, économat ; j'y suis, en outre, chargé des enfants, du culte, des catéchismes, du soin des malades. A l'extérieur, visite des stations et ministère. Ajoutez à cela l'étude de l'anglais et de l’ibo. En avant ! Voilà ton sillon, jeune apôtre ; trace-le bien, afin que le Maître soit content. Et à partir de ce jour je trace mon sillon de tout mon cœur."

Ecoutons Le Père Shanahan nous dire, comment il s'y prenait: " Ce fut pour le P. Robino, dit-il, un bien dur sacrifice que l'économat. Venir en Afrique pour prêcher L'évangile et se voir d'abord et avant tout chargé de la cuisine et de son département ! Cette année-là surtout, malgré toute sa bonne volonté, il ne réussissait pas toujours à nous trouver le nécessaire. Il souffrait de nos privations plus que nous-mêmes, s'en tenant, en quelque sorte, comme responsable. Cependant il dissimulait sa peine, la réservant pour l'Ami divin aux pieds duquel il aimait s'épancher. On-le remarquait, à ses fréquentes visites à la chapelle, à ses chemins de croix faits le soir, à la nuit tombante, quand il pensait passer plus facilement inaperçu.

" Les enfants avaient pour lui une affection extraordinaire. Les jours de confession, ils affluaient à son confessionnal, ce qui lui donnait un surcroît de travail.

" Ses beaux jours étaient ceux où il allait visiter les stations de catéchistes. Il se dépensait sans réserve, et souvent se privait du nécessaire. Une fois loin de la Mission, il voulait vivre absolument à la manière des Noirs. Bien vite, il gagna l'affection de tous ces sauvages enfants de la brousse.

" Ses progrès dans l'étude de la langue avaient été remarquables. A peine depuis dix mois dans la mission, il prêchait en ibo. Personne jusque là n'était parvenu au même résultat en un si peu de temps.

" Il nous était arrivé faible de santé. Ses travaux, ses privations ne pouvaient que l'affaiblir encore. Pour l'aider à se remonter, on l'envoya à Calabar, dans l'espérance que l'air de la mer lui ferait du bien. D'autres moyens furent encore employés. Rien ne réussit, et force fut de le renvoyer en France.

" Il partit l'âme bien triste, mais avec l'espérance de revoir encore cette terre d'Afrique, qui exerce sur le cœur du missionnaire une sorte de fascination inexprimable.

Le 28 janvier 1909, il débarquait à Plymouth, d'où il se rendit à la maison mère. Il put séjourner quelque temps au sanatorium de Bligny. Il se rendit ensuite en Bretagne, étant attaché à la communauté de Langonnet. C'est là qu'il eut la grande consolation d'émettre ses vœux perpétuels, le 10 juillet 1910. Ses confrères du Nigeria avaient donné leur assentiment, reconnaissant son dévouement et son zèle sans bornes. Et au bas de leurs signatures, se lisait cette observation particulière . "Pendant le peu de temps que le P. Robino a vécu en Afrique, il a été un modèle pour ses confrères."

Il passa quelque temps au presbytère de Camors et à la cure de Plouay, où les tendres soins des siens lui furent affectueusement prodigués. Il offrit généreusement sa vie au Seigneur pour l'Afrique, à Langonnet le 7 novembre 1910, dans sa trentième année

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