Le Père Jean-Marie ROBO,
1839-1881


Jean-Marie Robo naquit à Kergoff en Neulliac, le 25 novembre 1839. Il se trouvait au collège de Gourin quand les spiritains vinrent y enseigner en octobre 1854, et passa une année sous leur direction. Ses parents, craignant qu'il ne voulût plus tard les quitter pour aller dans les colonies ou entrer dans la congrégation, le retirèrent de cet établissement et le placèrent au petit séminaire de Ste-Anne d'Auray.

Il y resta deux ans, mais il désirait tellement retourner à Gourin, que ses parents finirent par le lui accorder. Il acheva ensuite ses études classiques à Langonnet et sollicita son entrée dans la congrégation. Le 12 octobre 1859, il entrait au scolasticat spiritain, rue Lhomond, à Paris.

Cependant, comme il demeurait plus ou moins indécis sur sa vocation, on l'envoya à la Martinique, en mai 1863. Ce séjour lui permit de connaître la vie de la société, et l'intérêt de la vie religieuse pour les prêtres. Après un séjour de trois ans dans cette colonie, durant lesquels il avait achevé ses études théologiques, il revint en France pour son noviciat et fit profession à Chevilly le 21 novembre 1866. Un mois après, le jeune Père spiritain s'embarquait de nouveau à Saint-Nazaire pour la Martinique, où il est resté jusqu'à sa mort.

Durant les 18 années qu'il a passées au séminaire-collège de Saint-Pierre, alors capitale de l'île, le P. Robo a eu à remplir des postes qu'on ne recherche guère d'ordinaire, car ils sont peu agréables à la nature. Ce sont ceux de surveillant, de préfet de discipline, de remplaçant momentané de professeurs indisposés ou absents. Il avait cependant des talents remarquables de professeur et d'orateur, mais sa faible santé ne lui aurait pas permis de soutenir la fatigue journalière et constante d'une classe ordinaire. Par bonheur il avait aussi les qualités, plus précieuses et plus rares, d'un excellent préfet de discipline.

Jamais on ne l'a vu irrité ou mécontent, quelles que fussent les difficultés. Il avait le talent rare de tout obtenir des élèves dans leurs plus mauvais moments, sans se fâcher et sans employer de moyens odieux. Il savait arranger les choses les plus difficiles avec les parents des élèves, et aussi avec ses confrères, sans créer d'embarras à son supérieur. Il semait la paix et trouvait le bonheur.

Quand le P. Grasser dut revenir en France en 1874, lors de la longue et grande maladie qui le retint longtemps entre la vie et la mort, le Père Robo fut désigné pour le remplacer durant son absence, dans la direction de nos communautés de la Martinique. Son humilité lui fit accepter cette charge avec crainte et répugnance. Mais il s'y dévoua et la remplit à la satisfaction générale, et sut gagner de plus en plus la confiance de tous. Mais au retour du P. Grasser, le même sentiment d'humilité lui fît reprendre avec bonheur son ancienne et modeste fonction.

En 1881, nommé par la confiance de ses confrères délégué au chapitre général de la congrégation, il allait revenir en France, lorsque brusquement il tomba gravement malade. On l'entendit dire : "Mon Dieu, que je souffre" puis étendant les bras vers le ciel "Venez me prendre, s'il vous plaît." C'était le 27 juin 1881. Il avait 41 ans !

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