Le Père Gabriel ROPARS,
1858-1903
décédé à l'hôpital de Dakar, le 6 septembre 1903.


Nulle part en Afrique, disait Mgr Buléon dans son compte rendu de la Mission de Casamance en 1900, la moisson n'apparaît plus mûre. Et pourtant, par un mystère insondable, il plaît à Dieu d'appeler à lui les missionnaires déjà entrés résolument dans les blés. En effet, après les PP. Ernest Gaillard, Ingweiler, Réinont, Herry, Ferrérol, Déchaud et le Frère Marie-Amand, voici le tour de celui de tous qui avait montré le plus d'endurance en ces climats insalubres, le P. Gabriel Ropars, mort à 45 ans, après un apostolat de 15 ans.

Né de Guillaume Ropars et de Marguerite Raguenès, le 11 avril 1858 à Milizac, secteur de Saint-Renan, il commença ses études littéraires au petit séminaire de Pont-Croix, entra en seconde à N.D. de Langonnet, et fut ordonné prêtre à Chevilly, le le' novembre 1887, par Mgr Picarda, récemment nommé Vicaire apostolique de la Sénégambie. Le 26 Août de l'année suivante, il faisait sa profession religieuse, et s'embarquait sur-le-champ pour la Mission de la Casamance, où l'on venait de fonder la station de Ziguinchor. C'était un comptoir portugais, que la France prenait en 1886 en échange du Rio Cassini. Le gouverneur, M. Brosselard, gendre de Faidherbe, pressait le Vicaire aposlolique de la Sénégambie d'y établir des missionnaires.

Le P. Ropars, tout en résidant à Carabane, en eut la desserte. Tâche bien rude, dit Mgr Barthet tant à cause du trajet sur le fleuve, qui était d'un jour, que de l'insuffisance des installations et du régime alimentaire. Aussi la santé du missionnaire, si robuste fût-elle, n'y put tenir. Dès novembre 1889, force lui était d'aller prendre à Gorée un repos de trois mois. En février 1890, il retourne avec le Père Lacombe, et l'on s'établit cette fois à Ziguinchor. Le premier soin du P. Ropars est de se perfectionner dans la langue du pays, sorte de patois portugais dans lequel il ne tarde pas à exceller. Mais l'insalubrité du logement, que pouvaient bien supporter les vieux africains qu'étaient les Pères Lacombe et Séné, fut encore fatale au P. Ropars. Il dut de nouveau aller se refaire à Gorée, puis en 1891 rentrer en France, où il émit les voeux perpétuels, le 5 décembre, à Chevilly.

L'année suivante, on se décida à construire à Ziguinchor une maison d'habitation convenable, qu'à son retour en janvier 1893, il put occuper avec un confrère. Dès lors, ajoute Mgr Barthet, on peut dire en toute vérité que la Mission devient l'oeuvre du Père Ropars, Si d'autres l'y ont aidé, nul n'y a plus travaillé, ni plus souffert. Là se trouvent des quantités de métis portugais, chrétiens seulement de nom; il travaille à les instruire, à corriger leurs moeurs, à bénir leurs mariages, à les amener à la fréquentation des offices et des sacrements. L'école des garçons est d'abord confiée à l'abbé Sébastien, prêtre indigène, puis aux bons Frères de Ploërmel ; celle des filles, à une communauté de Soeurs indigènes. L'église est en construction, et Mgr Kunemann s'y dépense tout entier.

Cependant en 1898, une terrible crise hépatique obligea le vaillant missionnaire à venir faire une saison à Vichy. Il retourne ensuite à son poste, et y tient encore deux ans, puis revient en 1901 renouveler sa cure de Vichy, et prolonge son séjour en France au delà d'un an, mais sans être suffisamment remis. Il brûle néanmoins de revoir sa chère mission et aussi d'y mourir. Il reparaît dans la Casamance en novembre 1902, et reçoit dans le haut-fleuve la station de Sédhiou. Hélas ! l'intrépide missionnaire n'a plus les forces nécessaires à pareille entreprise. Les tumeurs, l'anémie, tout le cortège des maladies africaines l'eurent bientôt terrassé.

" Partez vite pour l'hôpital de Dakar, lui disait son confrère. Non, il y a trop de bien à faire à Sédhiou ; et Dieu qui me l'a confié me donnera la force de l'accomplir. "
Il est décédé à l'hôpital de Dakar, le 6 septembre 1903.

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