Le Père Antoine RUSCHER
décédé à Fort-de-France, le 29 novembre 1985, à l'âge de 72 ans


Antoine RUSCHER est né le 29 novembre 1913, à Wasselone (Alsace), dans une famille profondément chrétienne. Très vite, il se sent appelé à la vie missionnaire. Il suit la filière habituelle des Spiritains d'antan : études secondaires àNeufgrange, Saverne, Cellule. Noviciat à Neufgrange où il fait profession, le 8 septembre 1934. Philosophie à Mortain. Théologie à Chevilly, puis, après la " drôle de guerre ", à Blotzheim. C'est là qu'il sera ordonné prêtre, le 6 juillet 1941.

En 1942, il est nommé vicaire à Sérémange, en Lorraine. Le poste est périlleux, étant donné les circonstances particulières de cette époque.

De 1945 à 1966, le Père est à l'École apostolique de Saverne, comme professeur d'histoire et de géographie. Pendant cette période, il passe une licence es-lettres. En 1959, il devient directeur des élèves, poste qu'il occupera pendant 5 ans. De cette longue période savernoise, il parle peu, très peu. La fermeture de l'École lui fut très pénible.

En 1966, à 52 ans passés, ses Supérieurs l'envoient à la Martinique. Il est successivement Supérieur au SéminaireCollège de Fort-de-France (et Directeur diocésain de l'Enseignement Catholique), desservant à la cathédrale, aumônier d'hôpital. De 1969 à 1975, il est Supérieur principal de la Martinique.

C'est un esprit cultivé. Familier du latin et du grec, il étudie l'hébreu, ce qui lui permet l'étude directe de la Bible. Au fil des ans, il lira beaucoup, il se documentera, il se tiendra au courant des théories modernes. L'intéressent surtout les travaux d'exégèse, tant en français qu'en allemand. C'est un passionné d'Écriture Sainte. A un ami, il disait un jour : "Quand j'ai des difficultés, je "fais'' de l'Écriture Sainte. Cela me distrait et me détend. J'oublie mes tracas, mes soucis. "

Le laicat lui paraît être une des chances de l'Église en Martinique. A ce laïcat, il faut une formation doctrinale et biblique. C'est une priorité. Alors, il se lance à fond dans cette entreprise. Il ne compte ni son temps, ni sa fatigue. On le sollicite de tous côtés ; il ne sait pas, il ne peut pas refuser : c'est toujours oui. A certains soirs, il a trois réunions. Il ira jusqu'à l'épuisement total, le don de sa santé et de sa vie.

Ses autres activités sont innombrables. Les paroisses, les mouvements, les congrégations, la radio font appel à ses compétences. Causeries, cours doctrinaux, sermons, récollections, retraites, carêmes, journées de catéchèse se succèdent à un rythme vertigineux.

A son bureau, il écrit, il écrit sans cesse. Tout est préparé par écrit. Et il publie : articles de journaux, de revues... Il mettait la dernière main à une étude intitulée : " La lèpre dans la Bible ", qui paraîtra incessamment. Les lépreux étaient les malades préférés de son hôpital.

Comment un homme de 70 ans passés, au demeurant cardiaque, a-t-il pu fournir un tel travail ? Il s'est donné totalement à ses frères.

La veille de sa mort, à huit heures du soir, il recevait la visite d'un ami. Il se réjouissait d'avoir eu à l'hôpital le temps de lire lentement les psaumes, de les avoir médités et savourés. Ensemble, ils récitèrent le " Magnificat ". Ce devait être sa dernière " prière commune ".

Oui, nous te louons, Seigneur, Tu as fait en lui et par lui de grandes choses.
Alphonse LAGOGUE

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